juillet 31, 2003 |
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Sursaut
Bon, OK, j'arrête de gémir sur mon sort...
Y'a parfois d'heureux hasards dans la vie... A moins que ce ne soit le destin... ou encore de la chance, ou bien Dieu... qui sait...
Personne ne m'attendra sur le quai à 21h23, non... Bien sûr que non...
Mais par contre, Gilles lui m'attendra à 22h chez moi avec une place dans sa voiture pour partir je ne sais où... Si ce n'est qu'il m'a promis qu'il y aurait du soleil, des rires et de l'herbe pour siester...
Je regrette quelquepart de ne pouvoir enfin rester à la maison pour buller... Dormir plus de 5h avec Joséphine (ma fidèle couette)... et écrire... et rêver...
Mais le soleil et la pelouse tombés du ciel, ça ne se refuse pas... |
posted by Lisbeï @ 7/31/2003 11:22:00 PM ::
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Soul Train ?
Je pars pour 12 heures à Londres demain…
Dawn to dusk…
Très longtemps, trop longtemps, que je n’ai vu la Tamise, ce ruban vert sombre qui a accompagné la mue de l’enfance à l’adolescence il y a longtemps…
Des années heureuses, sûrement les plus heureuses en famille… Une mère active pour elle-même et non pour le travail, et donc posée, un père qui rentrait à la maison avant 22h, les premières sorties seule, la découverte des pubs, de la radio, de la musique, des copains, l’apprentissage d’une langue qui peu à peu s’insinue et fait corps et âme, devient part intégrante, l’émerveillement de la découverte de nouveaux concepts inexistants en français, l’impression de voir s’ouvrir tout un champs/chant intellectuel jusque là insoupçonné, les rêves en anglais, les premières dragues avec cette pointe sexy d’accent Frenchie dont je ne me suis jamais vraiment débarrassée, le premier concert de Prince…
C’était bien… Je me demande souvent ce qui se serait passé si mes parents avaient cédés à nos suppliques à Yann et à moi, si nous étions restés dans ce pays que nous aimions tant… Ce sera pour une autre vie…
Je pars m’enfermer 12h demain à Londres dans une salle de réunion sans fenêtre… Pas de temps pour les pubs, ni pour Waterstone ni pour la myriade de vendeur de livres d’occasion de Fulham, et plus de sous pour y rester le weekend…
Tant pis ou tant mieux… Je veux redécouvrir Londres pour moi, avec le temps, l’envie et l’état d’esprit… plus tard…
Un allez-retour express Gare du Nord / Waterloo and back… Comme si rien ne se passait en fait…
J’aimerai que quelqu’un arrête de m'attendre quelque part, mais qu'il m'attende plutôt à 21h23 à la Gare du Nord… Mais il n'y aura personne... That's life...
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posted by Lisbeï @ 7/31/2003 02:29:00 PM ::
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juillet 30, 2003 |
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La dem' a failli voler, elle aussi...
Boss,
J'ai travaillé sur mes genoux dans le taxi et dans l'aéroport de Nice sans ordinateur (parce que la société ne m'en a pas fourni), sans mail, sans docs, sans PDA (parce que la société ne m'en a pas fourni), sans téléphone portable professionnel (parce que la société ne m'en a pas fourni), sans rien, avec juste mes compétences et mon téléphone portable personnel, pour exécuter dans des conditions à la limite de l'impossible un projet pour le client XX qui nous avons facturé XXX, sois pratiquement mon salaire mensuel en net.
Je n'ai pas de facture détaillée, c'est un forfait personnel sur mon portable personnel. J'ai passé environ 3 coups de fil à xx et 3 appels à xx. Je n'ai pas de reçu, vu que c'est un forfait.
Je ne demande même pas à ce que l'on me dise "merci" ou "bien joué", je demande juste à ce qu'on me rembourse 10 euros, ce que j'estime être le montant approximatif de ces appels.
Et tu me refuse ces notes de frais sur 10 euros parce que je n’ai pas de facture ?"
Calme, respire, zen, cuicui, inspire, soleil, floc floc,...
Un mail à gader sous les yeux pour le 15 septembre....
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posted by Lisbeï @ 7/30/2003 02:00:00 PM ::
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juillet 29, 2003 |
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Herbe nocturne
Parce que j’étais triste
Parce que j’étais même plus que triste
Parce que j’étais lasse
Et ivre de rage
Envers moi-même
Envers ma vie
Envers mes choix
Je voulais juste une tisane de mamie
A siroter dans mon lit
En explorant le monde de Jérôme Bosch
Avant de disparaître dans celui de la nuit…
Mais plus de breuvage salvateur
Parce qu’un des deux l’avait englouti
Et omis d’en faire réapparaître…
Je voulais juste une tisane de mamie…
Le thé à valsé
La café aussi
Le chocolat chocolat s’est étendu sur le blanc
Et si je n’avais pas réussis à retenir ma rage
C’est toute la cuisine qui se serait fracassée sur les murs…
J’ai pleuré…
De rage, de honte, d’impuissance, de lassitude et de cercles infernaux
Raphaël a crié, fort…
Tony s’est fermé…
Toc-toc
C’est Raphou…
Arrête, je sais que c’est pas facile en ce moment,
Mais est-ce pour autant que tu doives nous le faire payer aussi ?
C’est comme ça que tu nous remercies de nos efforts de vivre ensemble ?
Il a raison…
C’est moi qui déraille, encore…
Merci Raphou d’avoir fait toc-toc puis simple papote, clope, clope…
Mon effort à moi de vivre ensemble
Sera de laisser mon stress au bureau
Et mon angoisse sur le palier
Avant de rejoindre cette antre lumineuse,
Havre de paix, refuge de 3 solitaires…
Ce soir,
Chocolat pour Tony
Bougie pour Rafou
Merci de votre indulgence,
Pardon pour mes errances…
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posted by Lisbeï @ 7/29/2003 02:19:00 PM ::
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juillet 28, 2003 |
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36 heures pour 56 ans
Il y a ce départ précipité samedi matin avec une gueule de bois carabinée et des chaussettes dépareillées.
La route jusqu’à Honfleur sous la pluie battante, mi cauchemar mi-rêve conscient, de ce temps qui ne passe pas, effondrée à l’arrière d’une Twingo sous l’œil rigolard d’un Yann pour une fois en pleine forme et d’une mère un peu effarée.
Il y a des crêpes indignes de cette appellation, promesse de papier-mâché de douceur grasse et salée… Promesse, uniquement… Normands impies…
Il y a la ballade sur le port dégoulinant, typique paraît-il, parmi les touristes emmaillotés de plastique, flanqués de parents grabataires et harcelés de bambins hurlants des caprices martelés par TF1…
Il y a la recherche de la plage qui aboutit sur une étendue de fioul déversée par le port du Havre en vis à vis…
Il y a l’arrivée dans notre ferme de la nuit, une petite pause dans une chambre nue et triste…
Il y a la décision générale de ne pas s’affubler de robes d’été ensorceleuses ni de pantoufles de vair pour aller dîner « en ville », mais de s’enfouir dans les jeans, les chaussettes de laine et les baskets, couronnés de vestes de quart emmenés par une maman prévoyante pour ses petits inconséquents et insouciants…
Il y a le dîner emmitouflés sur une terrasse (passion familiale, les terrasses), les grandes discussions, les réflexions de café du commerce sur le temps qui passe et les pitreries de deux grands enfants qui, la nuit venue, retrouvent leurs masques de déconneurs et se mettent à chanter (faux et à plein poumons ) un « happy birthday » version reggae pour leur jolie môman…
Il y a la ballade jusqu’à l’écluse… and back… mais à pied…
Il y a la nuit, mauvaise et agitée.
Il y a un café américain, mais de pas trace des confitures maison et des œufs sortis de la poule promis lors de la réservation à Paris… Dommage…
Il y a la découverte des maisons Satie, le plaisir et l’émerveillement de la plongée dans le surréalisme et l’extravagance de ce chantre de la dérision…
Il y a, cartes à l’appui et Yann au volant, la quête d’une plage digne de ce nom, et la découverte de l’endroit idéal, avec moules au soleil et plage de vrai sable propre…
Il y a la sieste en petite tenue dépareillée (maillot oublié lui aussi) caressée par les rayons chauds du soleil normand, sous l’œil désapprobateur des touristes professionnels…
Il y a le départ, repoussé de ½ heure et ½ heure…
Il y a le plaisir d’une maman souriante, détendue et heureuse sous son chapeau, qui parcoure le sable sans relâche à la recherche de coquillages…
Il y a le troisième PV en 36h…
Il y a le retour, moins long et moins tourmenté que l’allez…
Il y a des baisers tendres et des « mercis » sur le pas de la porte…
Il y a les retrouvailles avec mon antre, blanche, bleue et paisible…
Mais ca y est, c’est lundi…
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posted by Lisbeï @ 7/28/2003 12:29:00 PM ::
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juillet 25, 2003 |
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Plan détaillé
Ca fait un moment que j’ai envie d’écrire ça, mais je n’ai pas beaucoup de temps. Et comme je n’arrive pas à trouver la forme alors que j’ai le fond, on va tenter de faire un plan détaillé, comme y disaient de faire pour obtenir des bouts de papier avec des lauriers dessinés dessus et un nom au milieu il y a maintenant un bon bout de temps.
Ca va bien :
- Je m’étais promise à moi-même en rentrant de Pen Castel de me battre pour conserver un minimum de moral, de pêche et de sérénité dans ce monde de stressés/cinglés. Les intérêts souffrent, mais le capital est toujours là.
- J’ai eu l’immense plaisir de boire un verre avec la professeure qui a presque faillit être ma maîtresse de thèse… Ca faisait depuis mon départ à Lux qu’on ne s’étaient vues, et ça a été une grande bouffée de bonheur…
- J’ai perdu 1, 8 kg depuis ma dernière visite chez le toubib.Je suis un peu décue, j’espérais plus, mais ça, c’est l’effet beurre salé, gosthial, crêpes, cidre, bière, kouignamann et Muscadet…. Ca veut aussi dire que j’en suis à un tiers de mon périple… Objectif –2 pour fin aôut (à condition que je ne passe pas le mois à oublier que je rentre dans la dernière année des 20…)
- Je crois que j’ai un ange gardien en ce moment…
- J’ai dévalisé les soldes… Et je peux enfin acheter des vêtements parce qu’ils me plaisent et non parce que je rentre dedans… Les vieux arrêtent de me draguer, et les jeunes me font des sourires…
- La rumeur court que la boite va peut-être fermer la semaine du 15 août… Vacances sans réduction de salaire… Je me démène comme une digne pour rattraper mon retard et tout boucler, juste aucasouille…. Je suis sûre que je manque aux cormorrans…
- Même moi je me trouve jolie, version 1/3 en moins couleur pain d’épices…
Ca va pas bien :
Je n’ai pas mis plus de 36h après mon retour pour piquer une grosse crise de rage et de raz-le-bol envers ceux qui m’étouffent et m'enquiquinent la vie :
- J’ai engueulé les monstres en leur disant que j’en avais marre de vivre avec des fantômes grincheux, indifférents à ce qui les entourait et négligeants avec la communauté, et je leur ai dit que si mi-août on en était toujours là, j’irais chercher ailleurs des hommes heureux de partager une salle de bain et une cuisine avec moi. Depuis, ils disent bonjour, font des sourires et la maison re-tourne sans qu’on en soit à la dératisation.
- J’ai engueulé ma mère, après qu’elle m’ait répété 4 fois en une 1/2h que je ne l’avais pas appellé pendant 10 jours, en lui disant que je n’y pouvais strictement rien si elle avait 56 ans, pas de mec et pas de boulot, et que je lui conseillais d’aller faire une tournée de ses copines en province tant qu’il faisait beau, histoire de faire le plein de joie (comme moi, quoi, en fait). Résultat, elle est partie, elle a l’air toute contente, elle a trouvé un boulot, et elle part à Anvers voir un expo devant laquelle elle bave depuis des années. Pour me faire pardonner, nous l’emmenons passer le weekend à Honfleur.
- J’ai engueulé mon boss en lui disant que ce n’était plus à moi de faire mes preuves mais à la boite de me prouver, contrat et salaire à l’appui, que mon travail était aussi précieux que ça. Si au 15 septembre rien ne change, je démissionne et vais bosser n’importe où en intérim pour récupérer mes droits aux Assedics, et ensuite, du temps, enfin, pour moi… Même si moins de sous… Mais ça c’est pas grave, je m’en sortirais bien d’une façon ou d’une autre…
- Je croule sous le boulot pendant que les autres se dorent la pillule, et j’ai des envies de meurtre envers une de mes collègue. Et ça me pourrit un peu la vie au quotidien…
- J’ai fait l’immense bêtise de donner l’adresse de ce blog à quelqu’un de vrai, mais qui habite loin et qui se plaignait du manque de mails… Silence radio depuis… Je crois que j’ai encore perdu un ami, et un plus que très cher … C’est la première et dernière fois que je fais cette bêtise…
- Je croule sous les mails d’amis lointains en retard… Ils vont eux aussi finir par disparaître si je ne m’occupe pas d’eux, et je ne pourrais pas leur en vouloir…
- J’ai tellement acheté de fringues, maintenant que me vêtir n’est plus un calvaire et une humiliation, que je n’ose même plus consulter mon compte…
Comment ca va bien/mal ?
Ca a été mieux… Mais ça a été tellement pire… Si je pouvais juste rester entre deux eaux comme ça encore quelques semaines, je ne demande pas plus…
Devoir filial, Honfleur ce weekend... Retour lundi pour une semaine de folie…
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posted by Lisbeï @ 7/25/2003 08:11:00 PM ::
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juillet 24, 2003 |
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There must be a misunderstanding…
Je ne suis pas sûre de le mériter.
Je ne sais pas ce que j’ai fait de si gentil ou de si positif dans ma vie pour que le destin/hasard/dieu/vie m’estime digne d’un tel cadeau.
J’ai bien peur de ne pas être à la hauteur de cet honneur.
Mais voilà, je crois que j’ai un Ange Gardien es. Gentillesse…
Je sais, je sais, j’ai beaucoup de chance…
Merci Tom…
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posted by Lisbeï @ 7/24/2003 12:30:00 PM ::
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juillet 23, 2003 |
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Might as well as face it, you're addicted to...
| vous êtes blog-dépendant, mais qu'à cela ne tienne, dans votre cas ce n'est pas si grave. Vous vivez normalement et ne gérez pas votre temps en fonction des blogs. Vous savez encore faire la part des choses. |
Bon, il semble qu'il y ait encore de l'espoir, contrairement à certains :-) |
posted by Lisbeï @ 7/23/2003 03:45:00 PM ::
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juillet 22, 2003 |
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Advice?
Si une âme généreuse et charitable pouvait m’indiquer un outil de stats digne de ce nom, histoire que je ne vexe pas les gentils gens qui me linkent et que je ne m’en rends même pas compte, et qu’ils sont vexés ensuite, voire même jaloux (si, si, j’ai des preuves) et qu’après je suis toute confuse et tout et tout…
La perle : gratuit, complet, sans pub et simple à installer (limite je pense très fort et le code apparaît directement sur ma source… Oui, je sais, c’est pas possible ...).
On oublie : eStats (incompatible avec mon système de comments), Weborama (Jamais ! Bande de pubistes, spammistes, pop-upistes affamés) et ServuStats (trop lent à charger chez moi et pas assez privé à mon goût)…
Chiante ?
Moi ?
Vous rigolez ?
:-)
Bref, a vot’ bon cœur m’sieur-dame… Et merci de vos lumières…
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posted by Lisbeï @ 7/22/2003 03:09:00 PM ::
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juillet 21, 2003 |
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Confuse(d)
Bien sûr, la fête était somptueuse. Tourbillonante, planante, frénétique, moite, intense… Un somptueux honky tonk princier…
Et puis ce regard clair, limpide et souriant croisé dès mon arrivée. Des yeux qui se scruptent tout en s’évitant, des regards détournés trop tard pour n’être que vagues, des dos à dos trop appliqués pour n’être que de l’indifférence. Des connaissances de connaissances qui finissent par faire les présentations. Pas de gêne dans ce regard clair qui se pose enfin franchement sur le mien. Moi, je dois rougir. Et c’est là que je comprends : ce sont les fameux Suisses, ceux qui ont délicatement gagné le cœur des parisiens par une distribution géante de chocolat. On papote. Ils arrivent du matin, ils repartent le lendemain soir, Ils vont faire 1200 km en 36h pour partager cette grande orgie d’émotions mauvesques, cette Never Ending Summer " New Power Generation " Party. Et malgré leur appel à l’hospitalité légendaire des parisiens que je me souviens avoir vu passer sur le forum PABW, ils n’ont nulle part où dormir.
Evidement.
Evidement, mon sang de st Bernard ne fait qu’un tour, et je m’entend prononcer les mots fatidiques. Ce soir, c’est donc trois mecs que je ramène à la maison. Je préviens Rafou que le salon va se transformer en dortoir.
Pourquoi.
Pourquoi moi ? Pourquoi est ce que je me mets toujours dans des galères pareilles ? Pourquoi suis-je incapable de faire comme les autres et de les laisser dehors ? Pourquoi y a t-il toujours ce truc qui fait que je fais toujours ce que les autres refusent de faire, pourquoi ais-je cette auréole instinctive qui me fait prendre de tels risques, pourquoi tant en faire tout en sachant que le renvoi d’ascensseur ne se fera pas ? Pourquoi ne puis-je rester indifférente, pourquoi ne puis-je moi aussi être imperméable et sans scrupules au besoin des autres ? Pourquoi suis-je en permanence obligée de me prouver à moi-même qu’il faut faire confiance, que les gens bien existent pour de vrai, et que si moi je le ne le fais pas, personne ne le fera ? Pourquoi cette violence que je m’inglige à moi-même ? Ca fini toujours pareil pourtant… Je m’auto-justifie qu’au moins je ne rentrerai pas seule dans les rues sombres, et que personne ne songera à sortir un cutter devant ces trois gaillards… Et si, même sans les yeux clairs, je l’aurai proposé… Parce que trop con, trop bon, c’est moi…
J’ai de la chance. Ils sont gentils, polis et bien élevés. Tout le monde s’installe calmement dans le salon à la recherche de Morphée. Moi, elle me boude. Je dors plus que mal.
Ce matin, le soleil se lève sur ce camp bédouin sous les toits. Ils dorment. Je sirote mon premier café, un œil sur le ciel bleu, un œil sur la tribu. La journée est radieuse. Trop. Je ne peux pas aller m’enfermer devant un PC. Je ne peux pas, c’est aussi simple que ça. L’appel de la ville monte en moi, cette force et cette énergie débordante qui m’ont fait sécher la moitié de mes six ans de fac. L’école buissonnière… J’avais presque oublié… Ca faisait des années…
Pour la première fois de ma vie professionnelle, je mens. J’appelle le bureau et je me fais porter pâle, alors que je rentre tout juste de 2 semaines d’arrêt maladie suite à la rencontre inopportune avec ce fameux cutter… J’ai honte de ma faiblesse, de cette fuite en avant… J’ai honte de ce mensonge lâche et petit, mais en même temps j’ai cet instinct qui me pousse, me pousse dehors, cette envie irrépressible de dire " merde, c’est CA la vie, je ne peux pas continuer à la regarder par la fenêtre "… Pour un grande fille comme moi de presque 29 ans, c’est plus que ridicule cette poussée d’adrénaline juvénile…
Ils connaissent peu Paris que je connais moi-même à la fois si mal et si bien… Je m’improvise guide touristique, et nous voilà partis pour l’Ile de la Cité et le Quartier Latin… Les yeux clairs me mitraille de photos… Flatée mais aussi genée…
Deux des compères finissent par plaider pour une farniente dans les pelouses, mais les yeux clairs veut continuer à se ballader… Nous voilà seuls… Nous arpentons les rues au hasard, découvrons un même intérêt pour les églises, et avons la chance d‘écouter l’organiste de Saint Sulpice en pleine répétition de Bach… Bach dont la précision mathématique me glace le sang et fait toujours ressurgir la pierre dans l’estomac…
Et nous parlons, bien sûr nous parlons…De nos errances, de nos erreurs, de nos doutes et de toutes ces questions sans réponses… Deux solitudes, deux existences à des charnières de vies, deux passés à assumer, deux presents et deux avenir à choisir et à créer…
L’après-midi disparaît, je l’accompagne au métro qui lui fera rejoindre son rdv-retour avec ses acolytes. Je repars avec une recommandation Bachienne et lui un titre et un auteur… Deux pseudos sur un forum de Prince Fams… Il me demande mon mail… Mais je ne lui demande pas le sien…
Bien sûr, je suis invitée à Genève quand je veux… Mais qu’irais-je donc faire à Genève… Je n’irais pas à Genève… Je n’ai rien à y faire, et rien à y vivre…
...
" We’re just two lost souls swimming in a fish bowl
Year after year
Running over the same old ground, what have we found
The same old fears..."
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posted by Lisbeï @ 7/21/2003 10:20:00 PM ::
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juillet 18, 2003 |
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Oooooooooooooohhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Y'a un monsieur Caribou qui m'a linké!
Ca me fait tout drole.... C'est mon premier linkage "impulsif"...
Merci Caribou :-) |
posted by Lisbeï @ 7/18/2003 07:48:00 PM ::
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juillet 11, 2003 |
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J’ai dû rêver trop fort ?
On a tous des mots magiques, des mots que l’ont se répète tout seul pour se remonter le moral, se donner du courage, ou provoquer une onde de plaisir artificiel. Les miens sont simples : Arz, Pen-Castel, Port-Navalo, Houat, Hoëdic, les lieux qui ont bercé mon enfance et vers lesquels je reviens si peu souvent. Ce sont tous des noms de mer. La légende dit que j’ai été conçue sur un bateau, annoncée devant un bateau, et pratiquement née sur un bateau. Je suis en fait née sur le port. Mes parents avaient cimenté leur couple autour de leur amour commun de la Bretagne, de la mer et de la voile. Faire des enfants, c’ était pour eux avant tout créer un équipage. Nom qu’ils ont d’ailleurs par la suite donné à la maison, L’Equipage.
Je ne sais pas si j’aime la mer, si j’aime naviguer. En fait, on ne m’a pas laissé le choix. J’ai commencé à naviguer à 10 mois, Yann à 9. Enfants, c’était pour nous anormal de ne pas avoir de bateau. Tout ce que je sais, c’est qu’après plus de 3h passées en mer, j’ai le mal de terre quand je reviens. Mes parents ont à la fois tout bâti et tout sacrifié à cette passion. Ils ont en fait une partie de leur vie professionnelle tout d’abord, leur vie de couple, leur vie de famille. Les bateaux ont fait et font toujours partie intégrante de leur vie, et de la mienne, par extension, pendant de longue années. Mon père n’aura sauvé de ses 3 mariages que son bateau, son piano, et j’espère pour lui, un caleçon. Elles l’ont ruiné, l’une après l’autre (et c ‘est encore ma mère qui a été le plus fair-play, et non, je ne dis pas ça parce que c’est ma mère), il a tout sacrifié, tout perdu… Mais son bateau, jamais… C’est d’ailleurs encore au jour d’aujourd’hui tout ce qui lui reste…
Naviguer, coûte que coûte, sans trêve et sans relâche. Car il n’était pas concevable d’avoir envie d’autre chose. Année après année, c’était bateau, quel que soit le temps, quel que soit la force du vent, des heures, des jours sans toucher terre, en vase clos, des grains dans la figure.... Et même à l’époque de la grandeur familiale, le bateau ne faisait que 2,5m sur 11,5m… C’est étriqué, même si on n’étaient que 4… Le pied à terre, je disparaissais pour de longues heures, disparaître, respirer, exister, être autonome … Nous quittions les ports ou les mouillages, ou nous arrivions quelque part, et nous pouvions lire dans les yeux des badauds leur envie d’être à notre place, sur ce joli bateau… Et Yann et moi les regardions, et nous, nous avions envie d’être à leur place à eux, au calme, au sec, et surtout sédentaires. Rencontrer d’autres enfants, jouer, apprendre à se faire des amis. Nous regardions passer les bandes de jeunes qui passeraient leurs vacances sur la plage à jouer, et qui plus vieux iraient dans les bars, sur les terrasses, qui connaîtraient les amours de vacances… Les adultes appellent ça de la « socialisation »… Pour nous, ça n’a jamais existé, et nous n’étions même pas amis à l’époque… C’étaient donc de longues vacances en solitaires… Et les parents, et en particulier le capitaine, gémissai(en)t dès que nous demandions à rester 24h au même endroit. Non, la marée est à telle heure, on part. Et les enfants des autres bateaux étaient comme nous, des ermites de circonstance derrière nos balcons et nos winches, et nous savions tous que les amitiés de mouillage d’une nuit étaient vaines au mieux, déchirantes au pire… Yann a réussi par la suite à s’échapper un peu vers le ski. Moi, je souhaitais m’évader vers les gens, hors de cette bulle familiale qui m’étouffait et qui me contraint toujours. Je voulais rencontrer, discuter, rire… Il a fallu que j’attende très longtemps... Je ne parle jamais de cet aspect avec quiconque, sauf Yann… Ca fait « pauvre petite fille riche qui pleure sur son yatch »… Mais sérieusement, je l’aurait échangé 1000 fois contre 15 jours de camping où que ce soit…
C’est une des raison pour laquelle je savoure avec tant de bonheur d’être dans cette maison qui m’a vue naître (après le port)… J’ai en réalité passé très peu de temps dans cet endroit magique, et dont je me languis depuis la nuit de mes temps… Je n’ai pas besoin d’aventures, de découvertes, de défis, j’aime la mer en touriste, ensoleillée, douce et ronde… Moi, j’ai besoin d’un havre, d’un port d’attache… Et les vacances telles que je les vis en ce moment sont comme ce rêve dont j’ai rêvé si fort… Un jour maison, un jour plage, un jour bateau, le gros ou le dériveur… Partir mais rester, jouer avec la mer mais ne pas la subir, naviguer par plaisir et non par contrainte… C’est bon… Et je n’en l’aime que plus, cette mer vert émeraude… Et presque les bateaux, aussi… En fait, oui, j’ai adoré ces 3 jours en mer, en roulement… Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’avais navigué…
Le pc repart demain vers Paris, et avec lui papa et Oriane… Yann arrivera dans la nuit, et moi j’irais pendant ce temps là barbecuter avec Nolwen et consorts… On ira sûrement voler des huîtres dans les parcs… miam, miam… Yann refusera de sortir ne serait-ce que le dériveur, pour profiter à fond de la maison jusqu’à mardi… Mais je suis trop bien placée pour ne pas le comprendre… Il ne me croira pas quand je lui raconterai que le capitaine commence peut-être à mollir…
Je suis heureuse de pouvoir écrire des posts heureux. Ce blog est conçu comme un ramassis de récriminations vaines et stériles, comme un ultime lieu de râlerie et de mots pour le dire (voir le tout, tout premier post)… Mais ça me fait plaisir de pouvoir aussi partager du bonheur, avec moi-même, mais aussi avec quelques errants…
Cassandra avait raison. Ca fait du bien d’écrire. Et ça fait aussi du bien d’être lue… Merci.
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posted by Lisbeï @ 7/11/2003 01:02:00 AM ::
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juillet 08, 2003 |
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Sereine
Ici, le temps n’existe pas.
Nous vivons comme sur le bateau, comme une maison sur l’eau.
La vie et les activités sont rythmées par la marée, la position du soleil et l’envie d’apéro.
Les palourdes vont bien. Les cormorans déploient leurs ailes noires pour frimer devant les mouettes, goélands et autres hérons, et nous accueillons depuis peu un couple de canards noir, blanc et ocre. Les p’tits nouveaux de l’étang. Marée basse, tout le monde est sur le sable à courser les bernard l’ermite et autres bigorneaux. Marées haute, tout ce petit monde s’installe sur les ancien repères de parc à huîtres, à l’affût des crevettes et petits poissons à se mettre dans le bec. La lumière est douce et jaune le matin, avec ce petit vent de mer, implacable et éblouissante l’après-midi. Mais c’est le soir que je préfère, et la douceur des rayons roses-orangés qui lèchent amoureusement les pierres du XIIe de l’un des dernier moulin à marée de Bretagne (La maison se trouve côté étang, derrière le moulin... Un jour, je vous ferai une vraie photo...)
Je suis née il y a presque 30 ans sur ce bout d’eau salée, caché dans les replis du Golfe du Morbihan. Je fantasme parfois, comme tous les enfants du pays, de venir m’installer ici toute l’année, loin du métro, de la pollution et des fous à cutter. Mais ce n’est qu’un fantasme engendré par le raz-le-bol… J’aime trop l’urbain, son anonymat et sa liberté. Mais peut-être que le vrai moi est-il ici, à jouer avec les bestioles… Ma source…
Papa est ici aussi, comme moi en retraite, pour avancer sur son livre. Il a emmené cette petite sœur non-prévue au programme, cette petite sœur dont l’existence même a définitivement brisé notre équipage d’autant. Elle est grande maintenant, 10 ans, et ne va plus tarder à elle aussi se joindre à la mascarade familiale. Mais il semble tenter de ne pas reproduire avec elle les erreurs d’avec les deux aînés. C’est chouette. Elle sera, j’espère et je pense, bien plus heureuse que nous. C’est une super petite fille, Oriane, et elle deviendra une super personne.
Il écrit, je lis, elle joue. Nous lui apprenons les bases du jeu familial préféré, le tarot. Elle est douée. Pour la première fois de nos vies à tous les trois, nous faisons du dériveur ensemble, et nous lui apprenons à barrer, à sentir, devancer et accompagner les vagues et le vent avec ses mains et son corps, à se jouer et déjouer des vents capricieux et des courants tourbillonnants du Golfe. C’est bon, ce hors du temps.
Mes mains vont mieux. J’ai coupé mon portable, je ne consulte pas mes boites mail, je sieste à qui mieux mieux, et là je squatte en douce le pc paternel.
J’aime cette vie sans horaires. Et c’est bon de pouvoir être solitaire tout en étant solidaire.
Ils repartent jeudi. 36 heures seule, puis Yann et Fadil arrivent vendredi soir pour 4 jours.
Ensuite… bah, j’y penserai ensuite.
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posted by Lisbeï @ 7/08/2003 01:12:00 PM ::
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juillet 05, 2003 |
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Pause too
Ils ont fini par me traîner à l'hopital. Je déteste les hopitaux. En fait, j'en ai peur. Tout ça pour me confirmer ce que je savais déjà: des coupures de cutter sur les deux mains, pas trop grave. Bétadine, pansements, quelques strip sur la main gauche.
8 jours d'Incapacité Totale de Travail. A verser au dossier de plainte.
15 jours d'arrêt de travail, avec recommandation de quitter le climat urbain pour quelques temps. Je ne rêve plus que de cette fameuse terrasse...
Ca va sans aller. C'est un peu les montagnes russes. Je refuse de virer à la paranoïa, je refuse d'avoir peur, je refuse de paniquer... Mais je ne peux empêcher mon coeur de s'accelérer parfois, je regarde les passants qui viennent dans ma direction, je me retourne pour voir s'il n'y a personne derrière moi... Je passe d'hyper-active-12-travaux-d'Hercule à glandouillage absolu... Je prends la vague de face, et j'attends que l'onde s'estompe...
Le boulot râle. Tant mieux, merci. C'est ce qui a fait que j'ai enfin recommencé à envoyer des cv à gauche à droite, et ce qui va faire que je vais continuer en rentrant. Je vais pas crever pour eux, je ne creverai pour personne...
Je pars demain. Ca me laisse encore plus de 10 jours de soleil à contempler l'étang qui monte et qui descend, à arbitrer de loin les litiges de palourdes entre les hérons cendrés, les mouettes et les cormorans, et à sortir le bateau pour aller voir comment vont Belle-Ile, Houat et Houedïc. Ouais, je sais, manoeuvrer avec des coups de cutter sur les paumes de mains, c'est moyen. Mais bon, je vais tenter...
Je prends de quoi tenir un siège: plus de 40 cd, 5 bouquins... mais pas d'ordi... Et je ne suis pas tout à fait sûre que la Presqu'île de Ruys ait découvert les cafés internet... tant pis, ou tant mieux...
Retour le 17.
Merci End(er) de m'avoir laissé une p'ite errance sur le post du 1er... |
posted by Lisbeï @ 7/05/2003 01:38:00 AM ::
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5487
Ils sont 5487.
Ils sont tous blonds, ils ont tous les yeux clairs, Ils ont tous entre 25 et 35 ans, ils mesurent tous de 175 à 180 cm.
Quelques uns sourient ou même rigolent un peu en douce, goguenards, cyniques, ivres ou encore défoncés. On devine parfois des erreurs, des malentendus: des cravates, des cols de costume, des lunettes de "bon citoyen"... Certains sont belles, très belles même, avec juste le brushing un peu ébouriffé et un mascara plus ou moins effondré...
Mais l'immense majorité a la gueule de l'emploi, ou du moins l'a acquis: arcade sourcilière sanginolante, nez brisés, cocards, cheveux en pagaille...
Beaucoup ont des visages "erreur de programmation", des visages qui font que, quels que soit leur personnalité ou leurs actes, ils seront toujours désignés coupables... et que quite à se faire prendre pour une brute ou un salaud avant d'avoir fait quoi que ce soit, autant le faire qu'on ait au moins une bonne raison de se faireaccuser...
Mais ils ont surtout tous 5487 regards... et pourtant, c'est presque à chaque photo le même: on y voit la haine, une haine immense, noire, froide, implacable... la souffrance aussi, et peut-être surtout, une souffrance sans fond et sans fin, désespérée, violente... et enfin la peur...
Ils sont 5487. Ils ont tous été placés en garde à vue à Paris ces 2 dernières années, ils correspondent tous physiquement au signalement que j'ai donné... Et c'est là aussi qu'on voit la prodigieuse créativité de la nature: sur les mêmes critères basiques, il n'y en a pas deux identiques...
Nous avons passés 4 heures tous ensemble, via un écran noir et blanc, dans le sous-sol d'un commisariat parisien... Mais de "mien", point... Du moins je crois... 2 secondes dans la nuit noyées dans 5487 visages...
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posted by Lisbeï @ 7/05/2003 12:12:00 AM ::
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juillet 01, 2003 |
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Pierre Noire III
Commencer par le post précédent, Blogger n'a pas voulu le publier d'un seul tenant.
22:30 - 00:30
Je tends la perche à mes grands-parents pour calmer le jeu, ils la saisissent à 4 mains. Nous nous quittons sur des formules policées, comme toujours... Yann m'entraine sur le chemin du retour à pied, pour évacuer l'adrénaline, la sienne comme la mienne... Il a raison... Et les tagliatelles aus saumon et le rosé aussi... J'ai alimentairement peché... Nous nous arrêtons dans un bar à Brecy, et discutons de la soirée, et de nous, et du plaisir, et de l'indépendance et de l'existence en propre des plaisirs et des goûts... Nous avions besoin tous deux de cet atterrissage en soft... Je pense avoir raté le dernier métro, m'apprête à demander à Yann si je peux dormir chez lui, mais quelque chose me retient, je me tais... Il m'ammène sur le quai et me met dans, en effet, le tout dernier métro... J'ai l'habitude, je rentre souvent seule par le dernier métro... J'aime la ville la nuit...
00:30 - 01:00
Je remonte la ligne 6 jusqu'à Nation, puis remonte le bd Philippe-Auguste à pied, comme j'aime le faire.
Devant la porte, code. Marche pas... M'a trompé? Re-code... queud... Trop vite? Re-re-code lentement et avec application... Rien... Ces cons, ils ont changé le code, et moi, comme d'hab, je sais pas. Je commence à farfouiller dans mon sac de toile bleu ciel de fille flambant neuf de la veille, à la recherche de mes clefs et donc du pass automatique.
Je lève les yeux, et je vois un mec devant moi avec un truc dans la main. Ca va super vite. Il m'enlace par derrière, et je sens un liquide sur mes mains. L'instinct reprend le dessus. Je me dégage avec violence et me met à courir en descendant la rue, je me retourne pour voir s'il me suit, il court derrière moi et disant "il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas fuir"... Je tourne dans le boulevard à la recherche d'un endroit où me réfugier. Les rues sont vides, tout est fermé... Je cours, je cours, jusqu'à la rue de Montreuil... Je crois que je croise une ou deux personnes... Il n'est plus derrière moi... Je m'arrête. Je commence à pleurer, hystériquement... Et c'est là que je me rends compte que mes mains sont couvertes de sang... J'ai peur de refaire le chemin jusqu'à la maison, mais je veux rentrer, je veux me sentir en sécurité, j'ai peur qu'il soit là quelque part dans le noir. Je farfouille dans mon sac, encore, à la recherche du portable. Je tremble comme 25 feuilles... Déverouiller le portable, faire apparaitre le répertoire, trouver le nom de Tony, appuyer sur le bon bouton... Je lui demande de venir me chercher. Je remonte le boulevard une fois de plus, lentement, prête à courrir, cherchant tant le mec au cutter que Tony des yeux... Tony arrive en courant vers moi... On s'asseoit sur un banc, je lui raconte entre deux sanglots hystériques, je lui montre mes mains rouges... Il prend mon sac taché de sang, nous rentrons lentement... 6 étages à pieds, en trébuchant à chaque marche... Salle de bain, laver mes mains, découvrir les dégats... Des coupures sur les mains, rien de plus... Rien sur le cou, rien sur le visage... Désinfectant, pansements... Tony me soigne comme une petite fille qui s'est écorché le genou à l'école... Mes baskets sont toutes rouges, mon sac est couvert de sang, à l'extérieur, à l'intérieur, du sang partout sur mon portefeuille, mon agenda, mes 2 soutiens-gorges de l'après-midi... Je me calme peu à peu, je recommence à respirer à peu près normalement... Plus de peur que de mal...
01:00 - 03:00
J'appelle la police. Leur raconte l'histoire. Ils veulent m'envoyer une ambulance, ou alors m'emmener à l'hôpital. Je refuse. Je veux juste en finir avec cette histoire, et me coucher... Ils rappellent, une fois, deux fois, cinq fois... Ils viennent, mais pas de code à leur donner... Tony m'accompagne toujours, nous redescendons les étages... La conversation/interrogatoire se tient sur le lieu même du crime, sur le palier de l'immeuble, avec deux policiers en civil, tout jeunes et tout frêles... Récits de faits, description, refus une fois de plus d'aller à l'hôpital... Ils me disent d'aller porter plainte, mais que si je veux ça peut attendre demain... Que s'ils le trouvent dans la nuit, il viendront me chercher pour aller porter plainte sur le champs au commissariat, pour qu'ils puissent le mettre en garde-à-vue...
Nous remontons à la maison. Bonsoir, bisous, merci Tony... Je me couche nue sous ma couette, et je me sens vulnérable et fragile... Je récupère un gros pull, et m'enfonce dans le noir du sommeil... Je suis épuisée...
Maison aujourd'hui. Mes mains recommencent à trembler en écrivant ces mots, mes mains qui font mal. J'appréhende d'enlever les pansements et de voir à quoi ça ressemble à la lumière du jour. Ca fait trop mal pour être des coupures de base. J'irai au commissariat tout à l'heure, et après j'irai voir si le pharmacien ne peut pas mettre des strips...
Un amateur flippé, sinon il n'aurait pas laché prise, et ce n'est pas les mains qu'il aurait tallaidé... Et non monsieur l'officier, il était blanc...
Je suis épuisée.
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posted by Lisbeï @ 7/01/2003 12:18:00 PM ::
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Pierre Noire I & II
09:30 - 16:00
Pour une fois, j'arrive à l'heure au bureau. Tout le team italien est là. Tout le monde est au courant, sauf moi. Francis, encore plus agité que d'habitude, va et vient, passe 25 coups de fil, y compris à Em... Tout le monde s'enferme dans la salle de réunion. Commence le balet des avocats et des notaires, fax dans tous les sens et coups de fiil en apparté.. 16h, je craque, je fuis, en laissant un mail à Olivia et Raf comme quoi je n'ai pas à subir ça, je n'ai pas à vivre ça, que je refuse de le vivre, que je ne supporte pas ce nouveau divorce pour faute et que là, je pars faire autre chose.
16:00 - 19:00
Je décide d'aller acheter des pantalons et des soutien-gorges. Je ne rentre plus dans rien. J'essaye 8 pantalons... Trop petit, trop grand, mal coupé... Je ressors de là le moral par terre et les mains vides, alors que j'en ai vraiment besoin de ces pantalons... Le calvaire des pantalons qui ne vont jamais s'arrêtera t-il enfin un jour? Je tente de trouver mon bonheur dans les soutiens gorges, direction ma boutique preferrée en soldes...Rien à faire, trop petit, trop grand... J'ai perdu 2 tailles, et je fais maitenant parti des tailles impossible à trouver car par trop hybride, pas logique, pas naturelle... Je finis par repartir avec 2 noirs alors que c'est surtout de blancs dont j'ai besoin ... Fric soutu en l'air et consomation compulsive et compensatrice... C'est minable... Il pleut, je me traine de tristesse et de vide, et je vais échouer sur une terrasse couverte. Pas le courage d'être seule avec les amis ce soir au concert de jazz de Sarah, pas le courage de rentrer dans le vide de mes toits. Bon, je vais aller diner avec mes grands-parents et Yann, avant qu'ils ne partent en vacances pour 3 mois...
19:30 - 22:30
Diner mondain et policé avec mes gands-parents. Je ne m'étais pas rendue compte que les yeux de mon grand-père avaient baissé à ce point là. Il n'arrive pas à piquer les olives, et quand je lui tend un pic garni de petites boules vertes, il n'arrive pas à le saisir, ses doigts tatônnent sur les miens à la recherche d'une prise. Ca me fait mal au coeur...
A un moment, ils nous reprochent à Yann et à moi de parler du boulot de Yann qu'il est en train de quitter, en disant que nous les excluons. Et là, j'explose. J'explose. Et je crache toute la rancoeur accumulée contre eux pendant toutes ces années, alors qu'ils ont plus de 80 ans et que mon grand-père sort de l'hopital. A froid, j'en culpabillise, cette culpabilité qui berce ma vie depuis toujours... A posteriori, je m'en veux de les avoir secoué comme ça... Mais il faut que je la combatte cette culpabilité, il faut que je l'exorcise...Yann et moi retrouvons nos rôles de toujours. J'explose, j'ennonce les mots terribles passés sous silence par tous pendant toutes ces années, leur reprochant justement de nous avoir exclus toute notre vie, de nous avoir laissés tombés, de n'avoir rien fait pour nous aider à survivre dans cette famille de souffrance et de violence, d'avoir fermé les yeux et de s'être fait complices, d'avoir fait des relations pubiques policées plutôt que de nous tendre la main et de nous aider. Yann a la tête dans les mains, il ponctue parfois ma rage d'un "écoutez-là, elle parle pour deux", il m'aide à garder place nette pour me permettre d'aller jusqu'au bout, avant que les dénégations ne pleuvent et les "c'est pas de notre faute, on pouvait rien faire" à 30 centimes ne fusent. C'étaient eux les adultes, pas nous. Ma tante a réussit, elle, pourquoi pas eux? Non, ils ont fermé les yeux et on pensé à autre chose. Ils contre-attaquent en me disant que je suis paumée et que je ne sais pas ce que je dis, et que c'est quand même malheureux qu'une fille belle, intelligente, cultivée, dynamique, diplômée, expérimentée comme moi gache sa vie à errer dans le labyrinthe du passé. Ils ont raison. Mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que je ne peux pas faire semblant de vivre sans ce labyrinthe, c'est ce labyrinthe qui m'a formatée, ce sont ses règles qui régissent mon mode de fonctionnement. Moi, je ne peux pas faire semblant que ça n'a jamais existé...
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posted by Lisbeï @ 7/01/2003 12:15:00 PM ::
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Nombril |
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