juillet 08, 2003 |
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Sereine
Ici, le temps n’existe pas.
Nous vivons comme sur le bateau, comme une maison sur l’eau.
La vie et les activités sont rythmées par la marée, la position du soleil et l’envie d’apéro.
Les palourdes vont bien. Les cormorans déploient leurs ailes noires pour frimer devant les mouettes, goélands et autres hérons, et nous accueillons depuis peu un couple de canards noir, blanc et ocre. Les p’tits nouveaux de l’étang. Marée basse, tout le monde est sur le sable à courser les bernard l’ermite et autres bigorneaux. Marées haute, tout ce petit monde s’installe sur les ancien repères de parc à huîtres, à l’affût des crevettes et petits poissons à se mettre dans le bec. La lumière est douce et jaune le matin, avec ce petit vent de mer, implacable et éblouissante l’après-midi. Mais c’est le soir que je préfère, et la douceur des rayons roses-orangés qui lèchent amoureusement les pierres du XIIe de l’un des dernier moulin à marée de Bretagne (La maison se trouve côté étang, derrière le moulin... Un jour, je vous ferai une vraie photo...)
Je suis née il y a presque 30 ans sur ce bout d’eau salée, caché dans les replis du Golfe du Morbihan. Je fantasme parfois, comme tous les enfants du pays, de venir m’installer ici toute l’année, loin du métro, de la pollution et des fous à cutter. Mais ce n’est qu’un fantasme engendré par le raz-le-bol… J’aime trop l’urbain, son anonymat et sa liberté. Mais peut-être que le vrai moi est-il ici, à jouer avec les bestioles… Ma source…
Papa est ici aussi, comme moi en retraite, pour avancer sur son livre. Il a emmené cette petite sœur non-prévue au programme, cette petite sœur dont l’existence même a définitivement brisé notre équipage d’autant. Elle est grande maintenant, 10 ans, et ne va plus tarder à elle aussi se joindre à la mascarade familiale. Mais il semble tenter de ne pas reproduire avec elle les erreurs d’avec les deux aînés. C’est chouette. Elle sera, j’espère et je pense, bien plus heureuse que nous. C’est une super petite fille, Oriane, et elle deviendra une super personne.
Il écrit, je lis, elle joue. Nous lui apprenons les bases du jeu familial préféré, le tarot. Elle est douée. Pour la première fois de nos vies à tous les trois, nous faisons du dériveur ensemble, et nous lui apprenons à barrer, à sentir, devancer et accompagner les vagues et le vent avec ses mains et son corps, à se jouer et déjouer des vents capricieux et des courants tourbillonnants du Golfe. C’est bon, ce hors du temps.
Mes mains vont mieux. J’ai coupé mon portable, je ne consulte pas mes boites mail, je sieste à qui mieux mieux, et là je squatte en douce le pc paternel.
J’aime cette vie sans horaires. Et c’est bon de pouvoir être solitaire tout en étant solidaire.
Ils repartent jeudi. 36 heures seule, puis Yann et Fadil arrivent vendredi soir pour 4 jours.
Ensuite… bah, j’y penserai ensuite.
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posted by Lisbeï @ 7/08/2003 01:12:00 PM ::
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