Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
juillet 21, 2003
Confuse(d)

Bien sûr, la fête était somptueuse. Tourbillonante, planante, frénétique, moite, intense… Un somptueux honky tonk princier…

Et puis ce regard clair, limpide et souriant croisé dès mon arrivée. Des yeux qui se scruptent tout en s’évitant, des regards détournés trop tard pour n’être que vagues, des dos à dos trop appliqués pour n’être que de l’indifférence. Des connaissances de connaissances qui finissent par faire les présentations. Pas de gêne dans ce regard clair qui se pose enfin franchement sur le mien. Moi, je dois rougir. Et c’est là que je comprends : ce sont les fameux Suisses, ceux qui ont délicatement gagné le cœur des parisiens par une distribution géante de chocolat. On papote. Ils arrivent du matin, ils repartent le lendemain soir, Ils vont faire 1200 km en 36h pour partager cette grande orgie d’émotions mauvesques, cette Never Ending Summer " New Power Generation " Party. Et malgré leur appel à l’hospitalité légendaire des parisiens que je me souviens avoir vu passer sur le forum PABW, ils n’ont nulle part où dormir.

Evidement.

Evidement, mon sang de st Bernard ne fait qu’un tour, et je m’entend prononcer les mots fatidiques. Ce soir, c’est donc trois mecs que je ramène à la maison. Je préviens Rafou que le salon va se transformer en dortoir.

Pourquoi.

Pourquoi moi ? Pourquoi est ce que je me mets toujours dans des galères pareilles ? Pourquoi suis-je incapable de faire comme les autres et de les laisser dehors ? Pourquoi y a t-il toujours ce truc qui fait que je fais toujours ce que les autres refusent de faire, pourquoi ais-je cette auréole instinctive qui me fait prendre de tels risques, pourquoi tant en faire tout en sachant que le renvoi d’ascensseur ne se fera pas ? Pourquoi ne puis-je rester indifférente, pourquoi ne puis-je moi aussi être imperméable et sans scrupules au besoin des autres ? Pourquoi suis-je en permanence obligée de me prouver à moi-même qu’il faut faire confiance, que les gens bien existent pour de vrai, et que si moi je le ne le fais pas, personne ne le fera ? Pourquoi cette violence que je m’inglige à moi-même ? Ca fini toujours pareil pourtant… Je m’auto-justifie qu’au moins je ne rentrerai pas seule dans les rues sombres, et que personne ne songera à sortir un cutter devant ces trois gaillards… Et si, même sans les yeux clairs, je l’aurai proposé… Parce que trop con, trop bon, c’est moi…

J’ai de la chance. Ils sont gentils, polis et bien élevés. Tout le monde s’installe calmement dans le salon à la recherche de Morphée. Moi, elle me boude. Je dors plus que mal.

Ce matin, le soleil se lève sur ce camp bédouin sous les toits. Ils dorment. Je sirote mon premier café, un œil sur le ciel bleu, un œil sur la tribu. La journée est radieuse. Trop. Je ne peux pas aller m’enfermer devant un PC. Je ne peux pas, c’est aussi simple que ça. L’appel de la ville monte en moi, cette force et cette énergie débordante qui m’ont fait sécher la moitié de mes six ans de fac. L’école buissonnière… J’avais presque oublié… Ca faisait des années…

Pour la première fois de ma vie professionnelle, je mens. J’appelle le bureau et je me fais porter pâle, alors que je rentre tout juste de 2 semaines d’arrêt maladie suite à la rencontre inopportune avec ce fameux cutter… J’ai honte de ma faiblesse, de cette fuite en avant… J’ai honte de ce mensonge lâche et petit, mais en même temps j’ai cet instinct qui me pousse, me pousse dehors, cette envie irrépressible de dire " merde, c’est CA la vie, je ne peux pas continuer à la regarder par la fenêtre "… Pour un grande fille comme moi de presque 29 ans, c’est plus que ridicule cette poussée d’adrénaline juvénile…

Ils connaissent peu Paris que je connais moi-même à la fois si mal et si bien… Je m’improvise guide touristique, et nous voilà partis pour l’Ile de la Cité et le Quartier Latin… Les yeux clairs me mitraille de photos… Flatée mais aussi genée…
Deux des compères finissent par plaider pour une farniente dans les pelouses, mais les yeux clairs veut continuer à se ballader… Nous voilà seuls… Nous arpentons les rues au hasard, découvrons un même intérêt pour les églises, et avons la chance d‘écouter l’organiste de Saint Sulpice en pleine répétition de Bach… Bach dont la précision mathématique me glace le sang et fait toujours ressurgir la pierre dans l’estomac…

Et nous parlons, bien sûr nous parlons…De nos errances, de nos erreurs, de nos doutes et de toutes ces questions sans réponses… Deux solitudes, deux existences à des charnières de vies, deux passés à assumer, deux presents et deux avenir à choisir et à créer…

L’après-midi disparaît, je l’accompagne au métro qui lui fera rejoindre son rdv-retour avec ses acolytes. Je repars avec une recommandation Bachienne et lui un titre et un auteur… Deux pseudos sur un forum de Prince Fams… Il me demande mon mail… Mais je ne lui demande pas le sien…

Bien sûr, je suis invitée à Genève quand je veux… Mais qu’irais-je donc faire à Genève… Je n’irais pas à Genève… Je n’ai rien à y faire, et rien à y vivre…

...

" We’re just two lost souls swimming in a fish bowl
Year after year
Running over the same old ground, what have we found
The same old fears..."


posted by Lisbeï @ 7/21/2003 10:20:00 PM ::
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