Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
juillet 11, 2003
J’ai dû rêver trop fort ?


On a tous des mots magiques, des mots que l’ont se répète tout seul pour se remonter le moral, se donner du courage, ou provoquer une onde de plaisir artificiel. Les miens sont simples : Arz, Pen-Castel, Port-Navalo, Houat, Hoëdic, les lieux qui ont bercé mon enfance et vers lesquels je reviens si peu souvent. Ce sont tous des noms de mer. La légende dit que j’ai été conçue sur un bateau, annoncée devant un bateau, et pratiquement née sur un bateau. Je suis en fait née sur le port. Mes parents avaient cimenté leur couple autour de leur amour commun de la Bretagne, de la mer et de la voile. Faire des enfants, c’ était pour eux avant tout créer un équipage. Nom qu’ils ont d’ailleurs par la suite donné à la maison, L’Equipage.

Je ne sais pas si j’aime la mer, si j’aime naviguer. En fait, on ne m’a pas laissé le choix. J’ai commencé à naviguer à 10 mois, Yann à 9. Enfants, c’était pour nous anormal de ne pas avoir de bateau. Tout ce que je sais, c’est qu’après plus de 3h passées en mer, j’ai le mal de terre quand je reviens. Mes parents ont à la fois tout bâti et tout sacrifié à cette passion. Ils ont en fait une partie de leur vie professionnelle tout d’abord, leur vie de couple, leur vie de famille. Les bateaux ont fait et font toujours partie intégrante de leur vie, et de la mienne, par extension, pendant de longue années. Mon père n’aura sauvé de ses 3 mariages que son bateau, son piano, et j’espère pour lui, un caleçon. Elles l’ont ruiné, l’une après l’autre (et c ‘est encore ma mère qui a été le plus fair-play, et non, je ne dis pas ça parce que c’est ma mère), il a tout sacrifié, tout perdu… Mais son bateau, jamais… C’est d’ailleurs encore au jour d’aujourd’hui tout ce qui lui reste…

Naviguer, coûte que coûte, sans trêve et sans relâche. Car il n’était pas concevable d’avoir envie d’autre chose. Année après année, c’était bateau, quel que soit le temps, quel que soit la force du vent, des heures, des jours sans toucher terre, en vase clos, des grains dans la figure.... Et même à l’époque de la grandeur familiale, le bateau ne faisait que 2,5m sur 11,5m… C’est étriqué, même si on n’étaient que 4… Le pied à terre, je disparaissais pour de longues heures, disparaître, respirer, exister, être autonome … Nous quittions les ports ou les mouillages, ou nous arrivions quelque part, et nous pouvions lire dans les yeux des badauds leur envie d’être à notre place, sur ce joli bateau… Et Yann et moi les regardions, et nous, nous avions envie d’être à leur place à eux, au calme, au sec, et surtout sédentaires. Rencontrer d’autres enfants, jouer, apprendre à se faire des amis. Nous regardions passer les bandes de jeunes qui passeraient leurs vacances sur la plage à jouer, et qui plus vieux iraient dans les bars, sur les terrasses, qui connaîtraient les amours de vacances… Les adultes appellent ça de la « socialisation »… Pour nous, ça n’a jamais existé, et nous n’étions même pas amis à l’époque… C’étaient donc de longues vacances en solitaires… Et les parents, et en particulier le capitaine, gémissai(en)t dès que nous demandions à rester 24h au même endroit. Non, la marée est à telle heure, on part. Et les enfants des autres bateaux étaient comme nous, des ermites de circonstance derrière nos balcons et nos winches, et nous savions tous que les amitiés de mouillage d’une nuit étaient vaines au mieux, déchirantes au pire… Yann a réussi par la suite à s’échapper un peu vers le ski. Moi, je souhaitais m’évader vers les gens, hors de cette bulle familiale qui m’étouffait et qui me contraint toujours. Je voulais rencontrer, discuter, rire… Il a fallu que j’attende très longtemps... Je ne parle jamais de cet aspect avec quiconque, sauf Yann… Ca fait « pauvre petite fille riche qui pleure sur son yatch »… Mais sérieusement, je l’aurait échangé 1000 fois contre 15 jours de camping où que ce soit…

C’est une des raison pour laquelle je savoure avec tant de bonheur d’être dans cette maison qui m’a vue naître (après le port)… J’ai en réalité passé très peu de temps dans cet endroit magique, et dont je me languis depuis la nuit de mes temps… Je n’ai pas besoin d’aventures, de découvertes, de défis, j’aime la mer en touriste, ensoleillée, douce et ronde… Moi, j’ai besoin d’un havre, d’un port d’attache… Et les vacances telles que je les vis en ce moment sont comme ce rêve dont j’ai rêvé si fort… Un jour maison, un jour plage, un jour bateau, le gros ou le dériveur… Partir mais rester, jouer avec la mer mais ne pas la subir, naviguer par plaisir et non par contrainte… C’est bon… Et je n’en l’aime que plus, cette mer vert émeraude… Et presque les bateaux, aussi… En fait, oui, j’ai adoré ces 3 jours en mer, en roulement… Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’avais navigué…

Le pc repart demain vers Paris, et avec lui papa et Oriane… Yann arrivera dans la nuit, et moi j’irais pendant ce temps là barbecuter avec Nolwen et consorts… On ira sûrement voler des huîtres dans les parcs… miam, miam… Yann refusera de sortir ne serait-ce que le dériveur, pour profiter à fond de la maison jusqu’à mardi… Mais je suis trop bien placée pour ne pas le comprendre… Il ne me croira pas quand je lui raconterai que le capitaine commence peut-être à mollir…

Je suis heureuse de pouvoir écrire des posts heureux. Ce blog est conçu comme un ramassis de récriminations vaines et stériles, comme un ultime lieu de râlerie et de mots pour le dire (voir le tout, tout premier post)… Mais ça me fait plaisir de pouvoir aussi partager du bonheur, avec moi-même, mais aussi avec quelques errants…

Cassandra avait raison. Ca fait du bien d’écrire. Et ça fait aussi du bien d’être lue… Merci.
posted by Lisbeï @ 7/11/2003 01:02:00 AM ::
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