août 02, 2004 |
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Coup de fil, je fais autre chose, pas envie de répondre. Son nom clignote sur l'écran. Non, je la rappellerai plus tard... Bon allez, je réponds, elle doit être contente, elle est en vacances, juste quelques minutes de babillages, elle rentre dans deux jours, et alors seulement je devrais reprendre le flambeau...
Elle pleure. Elle est rentrée hier soir. Elle pleure, elle pleure presqu'à sanglots, sa voix s'affaisse, se brise sur certains mots, se reprends sur les suivants, se maintient quelques secondes avant de se noyer à nouveau... Elle pleure sur la méchanceté, la malhônneteté des relations humaines, elle pleure sur le vide de sa vie et sa terreur de demain. Elle pleure comme je pleurais des années plus tôt dans ces lettres de colonies de vacances où elle s'évertuait à m'expédier malgré mes implorations, comme dans ces lettres que je n'osais pas lui envoyer et que je cachais années après années, que j'envoyais parfois à ma Tatounette, des pleurs de petite fille terrifiée par le rouleau compresseur aveugle des individus en collectivité...
Elle pleure comme une petite fille perdue dans la foule, et cet étau qui s'était peu à peu desséré, cette angoisse sourde que j'avais réussit à chasser à coup de soleil, de bières, de confiance et de loin se ruent de nouveau sur moi comme des charognards...
Dans quelques minutes, rongée par la culpabilité et l'impuissance, je vais donc réendosser avec deux bons jours d'avance ma tenue de mère de ma mère...
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posted by Lisbeï @ 8/02/2004 05:13:00 PM ::
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