août 06, 2003 |
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Rememberance
Je me souviens des débuts hésitants et tatônnants, des joues cramoisies heureusement cachées par l’obscurité, des gênes et des curiosités inavouables, des maladresses et des tentatives infructueuses, des draps gauchement emmaillotés autour d’un corps à la fois sien et étranger, des découvertes passées sous le silence de " l’expérience ". Je me souviens de ces grandes périodes de vides languissants, de cette pudibonderie mi-mièvre mi-ridicule, de cette pudeur apeurée. Je me souviens de tous ces " toi ", de tous ces " tu " qui m’ont permis de jalonner peu à peu mes nuits de repères allègres et confiants, et non plus anxieux et insatisfaits, de ces deux ou trois " toi " ensorceleurs, vibrants, uniques, magiques…
Je me souviens de nuits moites et poisseuses, de ces espaces entre parenthèses où le temps n’est plus ligne mais se fait cercle, de ces nuits d’application à repousser le désir et le plaisir jusqu’à(ux) (l’)ultime(s) limite(s), de ces nuits où nous restions collés l’un à l’autre malgré la sueur, les corps et les cœurs, incapables de se contenter des feux d’artifices précédents, de ces instincts et de cet aveugleument qui nous basculaient dans ces corps-à-corps désespérés sans pouvoir jamais être vraiment apaisés. Je me souviens de ces tourments malicieux, de ces regards hantés de lueurs indécentes et de ces éclats de rire, de ces jeux mi-sadique mi-tendres, à qui pousserait l’autre dans le gouffre d’où on ne revient qu’avec un cœur à 350 et des neuronnes plats, le poussé vite rejoint par le pousseur lui-même à la limite de l’équilibre. Je me souviens de l’air immobile, de cette chape nous enprisonnant dans les effluves du péché comme une incitation supplémentaire à la joute suivante, de ces somnolences d’un instant vite dissipées par ces mains curieuses et avides, par cette bouche exploratrice et ce corps implacable…
Je me souviens de la rage, de la folie, de ces combats acharnés menés contre ces corps sans visages et sans noms, de ces luttes aveugles contre moi-même pour tenter d’avoir mal ailleurs ne serait-ce que quelques minutes avant que la gangrène lancinante qui me rongeait l’âme et le cœur ne reprenne la première place. Je me souviens de ces tourbillons d’oubli vains dont je m ‘échappais anonyme au petit matin, suffocante de larmes, de mépris et de fureur. Je me souviens de la gentillesse de beaucoup, rejettée comme une injure. Je me souviens de cette spirale de destruction, de ces tentatives d’assommoirs… Surtout ne plus penser, ne plus exister, ne plus subir, ne plus ressentir…
Je me souviens qu’un jour, je n’ai plus eu envie. Plus eu envie de me battre, plus eu envie de détruire, plus eu envie de d’errer, plus eu envie de rien. Et à de très rares " tu " près, ça fait bien longtemps que je n’ai plus eu envie de qu(o)i que ce soit…
Il faudra que je me souvienne de recharger la batterie, un de ces jours… |
posted by Lisbeï @ 8/06/2003 11:37:00 PM ::
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