Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
juin 04, 2003
Nuit

Lors de mon dernier déménagement, il m’est venu un sentiment bizarre. Je les ai regardés, puis j’ai tenté de les oublier, eux aussi.

Je n’ai pas défait mes cartons de livres. Ca fait pratiquement un an que suis rentrée à Paris, et mes 50 cartons de livres sont toujours là à squatter sagement la cage d’escalier du 6e.
Ils ont des étiquettes. Quand c’est moi qui ai fait le carton, on trouve un truc du style « littérature anglaise VO, A-K », ou « science pôl. » ou encore « Femmes 70 » et aussi « SF ». Quand c’est les copains, c’est « livres (encore !) ».

Ca ne m’est jamais arrivé de ne pas sortir mes bouquins de leurs cartons. Jamais. C’est la première fois. D’habitude, je les installe avant même les fringues. Styles, langues, périodes… J’ai raté une carrière d’archiviste…

J’aime mes livres. Souvent, j’ai le sentiment que je les aime plus que les gens. J’aime ceux et celles qu’ils contiennent, j’aime aussi leur histoire en tant qu’objets. Ce sont mes plus anciens amis, amants, confidents, alliés, partenaires, s’ils sont toujours avec moi, c’est que nous avons passé de longues nuits ensemble, souvent à maintes reprises. Et là, je les ai abandonnés, trahis, délaissés. Quand je suis arrivée dans cet appart’, je n’ai pas eu envie de les inclure dans cette nouvelle vie. Ils étaient devenus lourds dans mon âme, et j’ai eu envie de me débarrasser d’eux. Même d’eux.

J’aime lire et relire certains. Ils vivent en moi, de toute façon. Parfois, j’ai envie de retrouver une atmosphère particulière, un lieu, une personnalité, et je cherche. Je cherche un livre parmi 50 cartons mal étiquetés. J’ai eu de la chance jusque là, retrouvant Ender et Lisbeï au bout du second seulement. Une autre fois, ça a été une catastrophe. Je suis tombée sur un carton où se trouvaient des livres que j’avais offert à Vincent, avec des mots doux gravés du sang du cœur. J’étais pourtant sûre d’avoir passé mes bibliothèques au peigne fin… Il semble que je n’ai pas été assez attentive, à moins que cela ne soit une fois de plus qu’un acte manqué, histoire de me détruire encore un peu plus. Le-dit cœur a ré-explosé pour la 50 millionième fois. Je tremblais des pieds à la tête, la nausée au bord des lèvres. Je les ai donné au premier copain qui passait, en arrachant et brûlant les pages de gardes. Ca m’a dissuadé un moment de replonger dans les cartons.

Hier soir, je cherchais Anna. 8e carton, bingo. J’ai passé une partie de la nuit avec elle. Elle m’a déçue. Je l’ai trouvée vide et mièvre. Est-ce moi qui suis passée à autre chose, où elle qui a perdu de son espièglerie ? Des retrouvailles en demie teinte.

Quand je vous dis que même mes livres, mon univers à moi, n’arrivent plus à me donner le sentiment d’exister pour ne serait-ce qu’une raison. Je suis rentrée à Paris, j’ai changé de métier, j’ai collectionné les amants, organisé de nouveaux trucs à faire, abandonné mes livres… et pourtant, le vide, lui, est toujours là. Et rien pour le moment n’arrive à le combler.
posted by Lisbeï @ 6/04/2003 12:53:00 PM ::
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