mai 23, 2003 |
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Errances
(puisque c'est le but de la manoeuvre)
Angle rue de Lappe / rue de Charonne
Diner entre collègues ce soir. Officiellement pour fêter l'aniversaire de Laurent et la venue d'un des membres de l'équipe italienne. Officieusement pour tenter de reconstituer un semblant d'âme à ce bureau français dont je suis la seule vraie rescapée, Laurent se contenant de se planquer dans ses montagnes et de voir venir... L'absence d'Emmanuelle et de Francis est insuportable et incomblable... Olivia est aux petits soins pour moi, tentant de m'intégrer à cette autre équipe (qui me déplait) tout en tentant de ravauder l'ancienne... Mais ça ne marche pas...
Je tente vainement d'oublier dans le Saint Emilion que mon entité professionnelle a volé en éclat, et que je suis exactement à 30 m du 32 rue de Lappe, même trottoir... Un mur, puis un autre, encore un autre... peut-être un dernier... et je suis dans un studio sur jardin du 32 rue de Lappe, et les oiseaux couvent d'un oeil attendris des amours que je n'arrive pas à oublier ...
La conversation déboule sur les rencontres marrantes... Je me jette à l'eau, je raconte la rencontre avec Vincent, en prévenant que je raconterais le début de cette histoire, que j'ai toujours regardé d'un oeil attendri, mais pas la fin parce que c'est une histoire triste... Je suis fière de moi... Non seulement il y a quelques mois j'aurais été incapable de raconter cette épopée sans fondre en sanglots incohérents, et puis en plus je ne l'aurais pas racontée, mais là, je raconte cette nuit épique de la saint Patrick 1999 le sourire aux lèvres... Mais personne ne rit... Ca ne doit pas être drôle... Peut-être l'amertume perce t-elle tout de même malgré mes efforts... Et peut-être aussi que mon oeil n'est plus aussi attendri que ça... Ce n'est pas la première fois que je reviens ici, mais j'ai beau faire, je n'arrive pas à étendre une ombre positive sur cet endroit...
Angle rue de Lappe / rue de Charonne
Adieux rapides entre collègues... Tout le monde repart vers Répu, pour moi c'est Nation... Je suis contente d'être enfin seule à l'air libre, de marcher, de retrouver la solitude réelle de mes pensées... Que ces chiant les gens qui parlent...
Je marche dehors, j'ai profité du fait de ne pas être titulaire de l'addition pour me laisser tenter par tout ce qui est gras et salé... Limite si je n'ai pas l'impression que mon toubib me poursuit avec une machette... Mais j'ai trop mangé, et je ne suis plus habituée à l'euphorie de l'alcool, ne serait-ce que quelques verres de vin... un peu pataude la minette, quand même...
Il fait bon... mais je n'arrive pas à me départir de mon col-roulé... La nuit est joyeuse, les terrasses sont sorties à défaut d'être bondées... Ca me rappelle l'été dernier, où la force, l'optimisme et le sentiment d'être une rescapée de la vie me permettait d'apprécier les moindres bribes de bonheur et de sérénité... Je m'étais appliquée à cette époque à arpenter cette ville que j'aime tant en long en large et en travers, comme un besoin de ré-appropriation, le besoin de laisser la trace de mes baskets sur le moindre centimètre carré de bitume.. C'était bon... J'avais l'impression de renaître, de retrouver un semblant de paix...
Rue de Charonne
La musique coule des bars, les mines sont appliquées dans leurs conversations... Je marche dans la tiédeur de la nuit... Je remonte la rue et les bars... C'est bon... Passage devant le Palais de la Femme, où des jeunes filles embrassent goulument des bouches anomymes, appuyées sur des scooters, avant de retourner dans leur pensionnat... J'espère qu'elles arriveront à en introduire un ou deux discrètement dans leurs murs... L'Armagnac, déjà, et sa grande salle ouverte... Beaucoup de soirées papotages avec Sébastien et Pierre l'été dernier à cette même terrasse... que c'était bien...
Rue de Charonne, droite Avenue Philippe-Auguste
Vincent avait beaucoup d'admiration pour ce personnage... Jamais compris pourquoi... Une énième brocante hors de prix se prépare, les stands sont à moitiés montés... Vu tous ces rideaux qui pendouillent, j'ai la tentation d'en voler quelques uns pour les donner au monsieur que je salue tous les soirs, et qui fait la manche à la sortie du métro... Mais non, des pseudos gros bras montent la garde, et tentent un dragouillage las et poli à mon passage... Je suis une fille bien élevée, quand on me dit bonsoir, je réponds... Mais la politesse ne m'oblige pas à poursuivre la conversation... et je suis mieux toute seule dans mes pensées...
Avenue Philippe-Auguste, gauche rue Alexandre Dumas
Je longe cette boutique de jeux en réseau via net... C'est bondé ce soir, chaque poste est occupé par un jeune homme au yeux rougis et hagards, un gros casque accoché aux oreilles... J'arrache quelques regards anonymes... Cette ruche d'hommes m'a toujours laissée songeuse... est-ce leur façon à eux d'oublier?
Mais j'aperçois la maison... 42... code... escalade... pause au 4e... ça empeste la purée mousseline, et me donne envie de vomir ma part de gratin dauphinois... oops...
6e gauche, maison... Raph joue les vigies, Tony n'est pas rentré... Mister Mac m'accueille d'un "bong" tonitruant, et je lance "Face Value".... Maison, solitude et sérénité... ma trilogie du moment...
Je lisais cet après-midi chez un confrère (Ouahad?) que personne ne lisait les longs posts.
Je m'en fous, moi j'avais besoin d'écrire celui là. |
posted by Lisbeï @ 5/23/2003 12:10:00 AM ::
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