juin 26, 2003 |
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Sentiments / Enfoncage de portes ouvertes
Yann m'a dit un jour, avec un regard que j'ai encore en mémoire, que c'était rare et précieux de rencontrer des personnes avec lesquelles ont s'entendaient vraiment pour de vrai, que ces sentiments là et ces personnes là étaient rares et précieuses, et qu'il ne fallait pas laisser passer ces sentiments et ces personnes...
Moi, je sais pas faire.
Je m'organise toujours d'une façon ou d'une autre pour que ces liens et ces sentiments disparaissent.
Je suis une solitaire, une autonome, une réactionnaire isolationniste. Limite mysanthrope parfois. Je ne sais pas communiquer avec les autres, je ne sais pas comment être avec les autres, je ne sais pas faire avec les autres. Je sais penser, ruminer même, et je sais agir. Et j'agis en loup solitaire. Je fonce, je manipule, j'organise et je parviens à mes fins... Faut dire que j'ai eu un maître dans le domaine... Mais je ne sais pas tout simplement être avec les autres, instinctivement je dirige, je distance, je manipule... mais je ne "suis" pas, je n'interagis pas, je ne laisse jamais le hasard ou l'autre exister à part entière, j'ai toujours 5 coups d'avances au fond du crâne... Et la seule fois ou j'ai joué à armes égales, vous savez où ça m'a mené...
Les gens avec lesquels le coeur et l'esprit font "boum", je ne sais pas faire. Je ne sais pas en prendre soin, je ne sais pas comment à la fois les conserver et les préserver de mes tempêtes de neurones, de mes crises de rage impuissantes et vaines... Et je trouve toujours le moyen de tout planter: trop présente, trop dirigiste, ils finissent par partir en suffoquant, trop distante, passive et attentiste, et je deviens la bonne grosse poire de service... Je n'ai jamais compris le rythme de cette danse là, le dosage de cette recette là... Pas pour rien que je suis une cuisinère de sous-sol...
J'ai appris à ne pas m'attacher aux personnes, ou plus exactement je lutte pour ne pas m'attacher, je fuis... Ma grande spécialité, ça, la disparition... Mes amis, je n'en reviens souvent pas qu'ils me parlent encore après des semaines et des mois, parfois des années de black-out... Peut-être parce que, sur le fond, le but de la manoeuvre c'est de les faire fuir eux, pour que je puisse m'appitoyer sur mon pov' petit sort de bébé abandonné tout seul dans la foule et me dire que c'est pas moi, c'est les autres...
Bref, je ne sais pas quoi faire. Pas quoi faire parce que j'en ai marre de mener la danse, j'en ai marre de tout prendre en charge, j'en ai marre de ce MasterMind éternel, j'en ai marre de cette fausseté quelque part... Mais je n'accepte également de jouer que si je suis sûre de gagner... Mais gagner m'enquiquine, j'en ai marre de gagner... J'en ai marre de jouer... Je veux vivre, je veux être comme tout le monde, vivre, profiter des joies et être heureuse... Mais ça veut dire qu'il faut accepter de ne pas contrôler... Des envies totalement contradictoires et insolubles...
L'indécision, ce n'est pas du tout naturel chez moi... c'est terrifiant... Tellement pas quoi faire avec cet instinct aujourd'hui aveugle, que je préfère encore ne pas aller au bal plutôt que de marcher sur les pieds de mon cavalier ou de le mener lui pendant la valse... Ca m'évitera une bourde et une souffrance de plus...
Mais toujours et encore, malgré des raz-de-marées à répétition, j'ai cette petite lueur planquée tout au fond qui trépigne, "allez, viens, on y va!", et qui me tire, me pousse...
L'espoir vain et la curiosité "tapette à souris" auront définitivement ma peau... |
posted by Lisbeï @ 6/26/2003 11:33:00 PM ::
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