Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
juin 13, 2006
Doigt dans l'oeil

Je n’aime pas le téléphone. Du tout. J’ai mis très longtemps à me résoudre au portable. Je l’oublie régulièrement un peu partout, j’oublie de le charger… Un téléphone, ça sert juste à filtrer voir qui peut bien vous enquiquiner ou à fixer un rdv à un Gentil. Pas de bavardages téléphoniques pour les dures de la feuille comme moi, pas d’heures hors de prix cramponnée au bitoniau. Straight to the point.

Alors quand je reçois des appels en « privé ou « caché » ou inconnu », je ne décroche pas. Qui que ce soit, qu’il laisse un message, on verra après, suivant l’humeur… Mais depuis deux ou trois semaines, c’est régulièrement que je vois des « privé » faire tintinnabuler sans suite mon petit cadran cerclé d’argenté. Tous les deux jours, à l’heure de midi ou après 18h, ce « privé » qui revient sans jamais laisser d’autre trace que cette mention de « privé ». Or, pour moi, « privé », c’est un téléphone fixe. Et le seul de ma connaissance qui utilise un fixe pour appeler un portable, c’est lui. Le seul à l’orgueil assez démesuré pour estimer que c’est indigne de lui de laisser un message, c’est toujours lui, l’auteur des jours de l’auteur de mes jours.

Et je me prends à rêver… Peut-être a t-il compris qu’il avait, une fois encore, totalement dépassé les bornes de la décence de base, peut-être veut-il me faire comprendre, à défaut d’avoir le courage de me le dire, qu’il regrette ses paroles, peut-être va t-il, pour une fois dans sa vie, amorcer une relation entre nous, un échange dans les deux sens entre lui et moi, ce truc basique d’échange et de communication entre deux êtres humains respectueux l’un de l’autre tout simplement parce que ce sont justement deux êtres humains…

Peut-être veut-il s’excuser de m’avoir très calmement et froidement déclaré, et même re-déclaré alors que je lui tendais une perche tremblante afin de lui laisser une chance de se rendre compte de ce qu’il faisait, que j’étais un monstre « difforme » de faiblesse et « d’obésité », et que j’étais tellement insupportable, que mon mec « voulait bien me sauter, mais surtout pas s’embarrasser de moi de façon plus permanente ».

Peut-être qu’il s’est rendu-compte qu’il m’avait blessée. A mort. Assommée. Déchirée. Peut-être s’est-il rendu compte qu’on ne parle pas comme ça à un chien, et encore moins à sa petite-fille de 31 ans. Et encore moins à un être humain. Peut-être s’est-il rendu compte que la sollicitude, c’est mutuel. Peut-être s’est-il (enfin) rendu compte qu’il n’avait plus beaucoup de temps à vivre, et que ça pourrait être sympa d’en dédier ne serait-ce qu’1% à des relations affectives, à défaut d’être affectueuses, avec les 5 personnes de sa famille, 3 générations confondues, qui acceptent encore de le fréquenter. Peut-être s’est-il posé des questions quant aux coups de fils creux et polis tous les 3 ou 4 mois, et les dîners Noël / anniversaire / retour de vacances point barre, où comme par hasard la question des clefs officielles de la maison du Plus Beau Pays du Monde et des dates de séjour reviennent systématiquement sur le tapis. Peut-être s’est-il interrogé sur son téléphone à lui qui ne sonne pas, sur ses 3 mois de vacances qu’il passe systématiquement seul, parce que même sa tendre et chère préfère vaquer ailleurs qu’avec lui. Peut-être s’est-il dit que…

Coup de fil.
« Privé ».
Je prends une grande inspiration.
« Allo ? »
« Bonjour Mademoiselle Lisbeï, c’est la banque Escrocs et Fils, je voulais vous informer d’une excellente nouvelle, nos tarifs d’assurances ont…. »
Bip.Bip. Bip.
posted by Lisbeï @ 6/13/2006 01:00:00 PM ::
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