Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
novembre 09, 2005
Dazed

J’arrive en nage chez la dame, après avoir traversé tout Paris d’Ouest en Est pour arriver 3 minutes avant la fermeture du radiologue, puis sprinter encore entre le XXe et le XIe, et enfin n'atterir qu’avec 8 minutes de retard dans le bureau de la dame.

J’aime bien cette docteuse. Fin de trentaine, dynamique, elle dégage une aura de rigueur et de compétence, mâtinés d’humour et de malice. Yep, je l’aime bien.

Elle examine les radios à la lumière de la vitre tout en marmonnant tout une litanie de mots inconnus au dictionnaire du profane. Je me laisse bercer par son petit monologue dans la tiédeur de la pièce... Tout ce que je sais, c’est que je n’ai plus mal, et après plus de 10 jours de souffrances permanentes, je n’en demandais pas plus...

Tout d’un coup, le monologue s’arrête.
- Vous avez eu un accident de voiture à l’adolescence, un gros accident de ski, un gros choc physique de ce type ?
- Bah, non...
- Vous avez fais du sport de façon intensive quand vous étiez enfant?
- Oui... (Elle me coupe)
- Du basket, du hand, du volley ?
- Non, du tout, j’ai fais de la natation à haut niveau, de 5 à 15/16 ans, et puis de la voile aussi...
- ....
- ???
- Bah non alors, c’est pas ça...
- C’est quoi qu’est pas ça ?
- (Elle colle la radio à la vitre et pointe avec son stylo) Vous voyez ces petits ronds, là, sur les vertèbres et la colonne vertébrale, là sur les reins ? Ce sont des xxxxxxx...
- Certes ?
- Ce sont en général de cicatrices de croissance qui se forment le plus souvent entre 10 et 16 ans... Au fait, vous mesurez combien ?
- 159 cm madame, et même pas un de plus ! (vieille autoblague éculée)
- C’est votre taille définitive depuis quel âge ?
- Euh... 14/15ans, de mémoire...
- C’est vraiment bizarre... Parce que ces xxxxxxx, ça témoigne en général de chocs physiques violents et répétitifs au moment de la croissance... Ou alors d'un gros accident...
- ...
- Vous voyez pas ?
- ... Si, si, je les vois...
- Mais vous ne voyez pas ce qui aurai pu les causer ?

Le silence a envahit la pièce pour nous tenir compagnie à toutes deux, elle avec sa question, moi avec mon hébétude...
Je sens bien qu’elle sent bien, mais elle ne dit rien, elle attend...

Je ne supporte plus la cohorte d’anges qui a envahit la pièce.

Je finis par me sortir de là:
- Et on peut faire quoi ?
- Rien. Si ce n’est que ça ne doit pas être étranger à vos problèmes de dos actuels...

Je ne me souviens plus lui avoir donné un chèque, dis au revoir, ni rien, je me suis juste retrouvée sur l’avenue avec une ordonnance pour un kiné et un stock d’anti-douleurs à vie...

Je crois que j’ai allumé un clope avant d’échouer sur un banc.
Et après, j’ai voulu oublier.
posted by Lisbeï @ 11/09/2005 06:56:00 PM ::
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