Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
mai 20, 2005
Chantal

J’ai eu envie d’aller voir Chantal. Elle est si belle, Chantal. Ses yeux pétillent de gentillesse et de tendresse… Et puis cette voix, sa voix, qui berce, qui apaise, qui caresse…

J’ai eu envie de m’arrêter chez Chantal. Pousser la lourde porte cochère verte, monter ces hideux escaliers de lino, chargée comme une mule de sacs volumineux, après 4 jours de « séminaire d’intégration résidentiel », moi qui suis pourtant toujours intérimaire… Grimper cet escalier si moche, pousser les portes coupe-feu encore libres de verrous à cette heure, et juste me poser là, dans ce coin de la salle d’attente en lino encore plus moche que l’escalier, juste me poser là dans mon coin, et m’autoriser enfin à lâcher, au moins physiquement… Pleurer, pleurer à torrents, pleurer à en hoqueter… Pleurer plutôt que de m’enfoncer les ongles dans les paumes des mains, pleurer plutôt que d’avoir la mâchoire tétanisée de douleur à force de serrer les dents, pleurer plutôt que de ne pas m’endormir, ou de ne pas me réveiller, ou bien de faire les vigiles entre 3h et 5h du matin, pleurer plutôt que de cauchemarder heure après heure, l’un succédant à l’autre, pleurer plutôt que de boire n’importe quoi n’importe quand, pleurer plutôt que de manger n’importe quand n’importe quoi… Juste lâcher…

Alors, au bout d’un moment, Chantal serrait arrivée avec sa tendresse et sa voix douce, une boite de mouchoirs à la main : « Alors S., il semble que ça ne soit pas une très bonne journée pour vous aujourd’hui… Vous n’arrivez pas à rentrer chez vous, c’est ça ? » Elle m’aurait proposé de rester là, à pleurer, elle m’aurait dit « Restez avec nous, vous êtes la bienvenue, vous ne nous dérangez pas, nous sommes là pour vous, vous pouvez, vous avez le droit… ». Au bout d’un autre moment, devant mes refus, elle m’aurait proposer d’appeler quelqu’un, ou bien de me raccompagner jusqu’au métro, ou jusque chez moi… Et comme toujours, j’aurais refusé. Un autre moment encore, plus ou moins loin dans le temps et dans le fleuve, je serais partie par un trou de souris, comme une voleuse rasant les murs, les yeux au sol, sans dire au revoir ou avec juste un balbutiement de merci honteux, et j’aurais descendu le boulevard à pied comme une somnambule, vidée et hagarde, avant de nous hisser, moi et tous mes sacs, le long de ces satanées 111 marches… Et puis j’aurai tenté de faire bonne figure… Pour ne pas l’inquiéter, pour ne pas lui peser, pour ne pas le salir de cette boue… Et j’aurais cherché l’oubli et la paix dans sa chaleur… En espérant que tout ne recommence pas demain…
posted by Lisbeï @ 5/20/2005 05:06:00 PM ::
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