Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
février 17, 2004
Home is where the heart is

Fermer le gaz, l’électricité, le chauffe-eau. Ne pas oublier le chauffage. Balayer la cheminée, réapprovisionner le bac à bois. Vider le frigo. Rentrer les transats. Remiser le vélo. Une dernière pensée pour mon amie du mimosa. Embrasser longuement (et de loin) le héron blanc (les cendrés sont en vacances), les cormorans qui commencent à dragouiller, les mouettes qui guettent à tout jamais les crevettes, perchées sur les parcs à huîtres. Ecouter quelques instants avec recueillement le glouglou du pont. Caresser les premières fleurs du camélia. Tirer à grand peine la vieille porte gondolée, réussir, après maintes tentatives infructueuses, à faire jouer la serrure… Mais là, c’est la clef que la serrure refuse de me laisser emporter, comme si, tout comme moi, elle ne voulait pas que je parte. Les larmes qui brouillent la beauté du Golfe à gauche et de l’étang à droite… Ce sens là, c’est celui du départ… Les premiers kilomètres qui défilent en silence, sous ce ciel pur et ce grand soleil… Theix, dernière vision du Golfe… La marée commence à descendre…

C’est bancal, 15 jours. Soit trop long, soit trop court. Trop long pour ne pas avoir envie de rester encore, trop court pour avoir le sentiment d’avoir eu le temps d’aller dans toutes les criques, derrière tous les bosquets, d’avoir soulevé tous les cailloux histoire de chatouiller les crabes et de réveiller les berniques… Trop long pour ne pas avoir à s’adapter à une autre vie, trop court pour s’y adapter véritablement…

15 jours en vase clos, avec les hauts, les bas et l’étale… Je vais finir par croire que c’est aux marées que je dois ma cyclothymie… Se recréer un rythme, s’occuper la tête et les mains, s’énerver sur les chambres à air poreuses, rêver à hier et à autrement, bouquiner plein d’univers, angoisser sur demain et après-demain, se haïr de son immobilisme, de sa lâcheté, de sa faiblesse, se frustrer à gribouiller à la main, si lente et si maladroite face au clavier, assumer tout un tas de petites choses bassement futiles quand on habite la ville, bien plus prosaïques dans une vieille maison vermoulue… D’effroyables crises de solitude, de longs moments où tout manque, tout saigne, où on se sent perdue et seule et où la vie semble sans issue… De grands moments de plénitude aussi, où le soleil brille, l’air vif fouette le visage, la vie autour de soit en pleine de sourires et de clins d’œil, où la solitude devient amie et complice, et où tout semble possible parce que sa vie à tous les atouts et qu’il suffit juste de s’en servir… Des visites aussi, qui cassent ce rythme si dur à créer tout en introduisant la chaleur et l’aventure de composer avec un autre… Ma misanthropie évolue avec l’âge, se renforce sur le fond tout en ayant de plus en plus de mal à se supporter sur la forme… Le couvent ou l’ermitage s’avèreront peut-être plus difficiles que prévu…

Repartir, repartir vite, bientôt, repartir admirer mon étang comme une récompense de décision et d’action dans la vie de la ville, dans ma vie de presque trentenaire qui a peur, qui doute, qui ne sait pas, qui ne sait plus, comment survivre à ce monde qui vous use et qui vous abuse…

J’ose l’affirmer, et oui je suis partiale et non je n’ai aucun remords, c’est le plus beau pays du monde.
< edit > Si quelqu'un sait comment faire pivoter les images... < / edit >
posted by Lisbeï @ 2/17/2004 04:22:00 PM ::
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