Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
décembre 20, 2003
En fait, c’est toujours le même processus. J’espérais que me domestiquer à écrire pour de vrai, sans excuses et sans déni me permettrait de peu à peu dépasser ce silence de fond qui chez moi est noyé dans une botte de foin d’inepties. Que d’écrire, d’assumer et donc d’archiver mes fantômes me rendrait plus libre de vivre le présent, me rendrait une certaine légèreté, une certaine insouciance, une certaine autonomie pour vivre le présent, et je n’ose même pas parler de l’avenir. Je pensais qu’à force, je ne serais plus forcée de passer par cette longue étape de latence, de silence, d’intellectualisation pour pouvoir exprimer et donc mettre des mots sur un ressenti ou un vécu immédiat. Que je pourrais exprimer en direct. Pas vivre en recul et en silence, exprimer aussi. Il semble que non. Je retrouve ce bon vieux silence, ce bon vieux mur interne. On pourrait me reprocher mon manque de spontanéité… Disons que ma spontanéité est depuis trop longtemps bridée (paralysée ?) par une poigne de titane… Depuis trop longtemps, la pensée est l’ennemi jurée de l’acte… Je ne sais plus dire ni faire «rienafout’»…

J’avais commencé ce blog par un postulat simpliciste : « mes mots / maux à moi pour me le dire à moi »… Intellectualiser, nommer, désigner pour ensuite archiver… Une immense cimetière à mémoire plutôt qu’un carnet de bord quotidien où seraient consignés jour après jour la météo, la position, les menus évènements du bord… Je lis et relis, et je vois tellement de « je me souviens »… C’était voulu, tous ces mots sur ces visages, ces époques, ces sentiments, ces instantanés de vie… Et il y en a d’autres encore, dans la galerie des fantômes, d’autres qu’il faut dépoussiérer, défriper, aérer… Avant à leur tour de les étiqueter et de les archiver… Et de les laisser là, à mourir sans moi sur une étagère quelconque au fond d’un sous-sol quelconque… Mais sans moi… Oui, je pensais que ça me permettrait aussi d’écrire et/donc de vivre au présent…Ce n’est pas le cas. Au moindre soubresaut de la vie de dehors, pouf, le sas automatique se dépêche d’isoler le caisson atteint, et au passage coupe toute communication vers l’extérieur, émettant juste un « bip bip » de malaise… Oui, je sais, c’est mal foutu mon truc… Et je n’arrive plus à continuer mon déstockage de fantômes non plus… Je n’arrive plus à grand chose en fait…

Donc, tout ça pour dire que oui, je suis turlupinée… Très.
Je lui ai déjà dis que c’était de sa faute, et que c’était à la limite du putsch. Il m’a rétorqué que je n’avais qu’à courir plus vite. J’ai argué de ses honteuses méthodes de saint nitouche. Alors il s’est organisé pour me faire taire, et après il n’y avait plus grand chose à ajouter.

Je ne sais pas comment on en est arrivés là. Je n’ai pas voulu en arriver là. J’ai toujours cet instinct qui m’adjure de fuir au bout du monde… Mais ça fait combien d’années que je fuis les pourparlers de paix… J’ai ce dolmen à la place de l’estomac, ce mal être généralisé. Oui, chez moi, ça fait ça, les hommes. C’est pas agréable du tout en fait… Et je suis triste parce que j’ai perdu un ami. Un ami est un ami, un allié sur lequel on peut compter, quelqu’un qui ne vous en voudra pas, quelqu’un qui ne vous ferra pas souffrir et que vous ne ferrez pas souffrir, quelqu’un avec lequel tout est simple, clair, heureux, et pacifique… Un amant, c’est un ennemi en puissance, c’est le double visage du duettiste et du duelliste… Et les ex-amis devenus amants ne font que rarement de nouveaux amis… Ou alors c’est qu’on ne s’aimait pas assez… Alors, jouer la montre et souhaiter que ça explose le plus vite possible en espérant retrouver un ami dans quelques semaines, quelques mois… Ou faire une croix définitive sur cette amitié qui m’était pourtant chère… Parce que je ne suis toujours pas persuadée que l’amour, ça peut être bien aussi… Plus maintenant. J’étais déjà dubitative à 17 ans, alors à 29… Une vieille routarde de l’amour, sèche, aigrie, amère, désabusée, cynique, moqueuse, qui toujours s’organise consciemment et inconsciemment pour que ça plante afin de pouvoir s’auto gargariser de « je l’avais bien dis »… L’amour comme une immense escroquerie, comme un énorme mensonge d’arracheur de dents. Comment expliquer qu’à mes yeux, ce n’est pas quelque chose qui commence mais quelque chose qui s’achève? Le rétro-planning est entamé, et je n’ai plus qu’à en inscrire les différentes phases sur un beau graphique. Les cycles Kondratiev de la relation amoureuse ? Toujours cette panique d’animal traqué… Et je ne parle pas des verres à moitié vide, le mieux l’ennemi du bien, etc…

Oui, bien sûr, je suis une grande fille. Je n’ai qu’à prendre mon téléphone ou envoyer un mail sur le thème « Merci pour le café, mais finalement je préfère le mien ». Oui, je pourrais faire ça. Ca lui ferait mal, mais sûrement moins maintenant que plus tard. Le problème, c’est que je suis lobotomisée. J’écris, j’écris, mais je sais aussi que quand il se pointe les mains dans les poches et le sourire jusque derrière les oreilles, tout en moi se met en stand-by, les neurones d’un seul coup se planquent et je me retrouve, tel un brave mouton de panurge, à sourire de la même façon. Courageux mais pas téméraires les neurones. Ce n’est que le lendemain matin quand je suis seule que d’un seul coup ils se repointent pour me faire la morale.

Oui, Lisbeï est une trouillarde qui ne sait plus ce qu’elle doit souhaiter. Lisbeï est devenue une carmélite défroquée, une chanoinesse pécheresse. Une traître à la cause. Une soc-dem, quoi… Je devrais aller mettre un cierge à l'église... Juste, je demande quoi?
posted by Lisbeï @ 12/20/2003 07:10:00 PM ::
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