Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
novembre 04, 2003
“Pourquoi tant de haine ?” me susurres-tu de ta ville du nord…
Pourquoi tant de haine… Pas de la haine Tayeb. Ou peut-être si, un peu. Tu pourrais tout aussi bien dire "Pourquoi tant d’amour?" Les deux faces de la même pièce… Non pas de haine. Un énorme coup de pied dans la fourmilière. Un claquage de porte. Un coup d’état. Pas de haine. De l’action, enfin.
Tu avais la possibilité de faire avec ou sans moi. Tu as choisis sans. Ce n’est pas un reproche. Du tout. Au moins, ça permet d’avancer. Ou plutôt, tu n’as pas choisis. Comme tous les hommes. Lâche. Tu n’as pas choisis, parce que tu n’as pas le courage de le faire. C’est donc à moi de faire le sale boulot, comme toujours, à moi d’entériner tes non-décisions.

Ca fait 15 ans que ça dure. Je t’ai déjà quitté deux fois. Exactement pour les même raisons. Le sentiment d’être sans toi avec toi. Cette pièce silencieuse dans laquelle tu m’enfermes, tu t’enfermes, tu nous enfermes. J’avais 21 ans, et je crevais de vivre. Toi, tu glissais comme une anguille, tu rasais les murs, tu gardais les yeux au sol et tes mots pour toi. J’ai trébuché. Disons même que je me suis étalée de tout mon long dans la caniveau. Tu m’as ramassée, consolée, apaisée, tu m’as redonné la force de continuer. Mais entre temps Linda était apparue. Elle a fait ce que je n’ai jamais sût faire, elle t’as donné ce que j’étais incapable de t’offrir : de la stabilité, du placide, du posé, du simple. Et malgré ça, cette relation surréaliste a continué. Puis Vincent est apparu dans ma vie. Et le jour où je suis partie pour Lux, c’était toi aussi que je fuyais. Je crois que c’était déjà une tentative de sortir de ce cercle infernal, de cette parenthèse permanente. Il ne t’a pas fallu 1 mois quand mon mail Lux t’as renvoyé des messages de "destinataire introuvable" pour retrouver ma trace. Et bien sûr, bien sûr… Des années de silence, et cet instinct évident…

Je ne sais pas ce que c’est Tayeb, je ne sais pas ce qui nous pousse l’un contre l’autre comme ça depuis ce dimanche de juin 89 sur les marches d’une bibliothèque de banlieue. Je ne sais pas. De l’amour ? De la passion ? De la haine ? Impossible avec toi, impossible sans toi ? Je ne sais pas. Vraiment, je ne sais pas. La seule chose que je saches, c’est que pour la première fois de ma vie ce printemps, je me suis rendue compte que je souffrais. Je souffrais de ton absence. Tu me manquais, vraiment. Comme la première fois, il y a si longtemps. Que tu n’étais plus mon amant préféré mais mon amant aimé. Que peut-être je me tapais la tête contre les murs, alors que je t’avais déjà trouvé. Que je luttais contre l’évidence. Alors comme toujours, je me suis tue. Et j’ai attendu. Je t’ai observé. Et c’est là que je me suis rendue compte que c’était tellement facile pour toi Tayeb. Tellement facile.
Tu avais tout. Une femme qui t’aimais au point de t’avoir suivi dans tous tes revirements depuis 8 ans. Une maîtresse qui t’attendait au chaud, étape agréable de la tournée des copains lors de tes weekends parisiens. Une maîtresse à qui tu fais la conversation sur la pluie, le beau temps, Linda, ton boulot, tes vacances. Une maîtresse qui a fini par préférer encore te faire taire plutôt que de subir tes jérémiades sur ta femme pas intéressante, ton "sunbed" (?!) et tes beaux-parents à l’esprit du nord. Et qui a fini par se rendre compte qu’elle était dans une impasse absurde.
Je me suis mise à redouter ces weekends, les redouter autant que de les attendre. Ne plus arriver à parler avec toi Tayeb, c’est terrifiant. Subir ton silence face à mes questions muettes, subir tes disparitions au petit matin, subir tes « chut »… A l’abri du noir il n’y a pas si longtemps, je rejeté tes « chut », et je t’ai dis. Je t’ai dis que c’était maintenant ou jamais. Je t’ai dis que je ne pouvais rien te promettre, que ça faisait trop longtemps que nous étions en officieux pour que je puisses te promettre quoi que ce soit sur l’officiel. J’ai oublié, c’était il y a trop longtemps. Mais je ne mens pas, tu le sais ça. Je t’ai dis que non, 40 ans c’était trop loin. Que c’était maintenant ou jamais. Que si tu voulais, je voulais aussi. Sincèrement. Véritablement. Que j’étais prête à jouer le jeu pour de vrai. Et qu’il fallait que tu te décides, parce que moi je commençais à ne plus t’attendre. Parce que Linda aussi est en droit d’exiger ça de toi. Parce qu’il est peut-être temps que tu grandisses, et moi aussi, et nous aussi. Un choix. Oui ou non. Non ou oui. Le lendemain matin, je me suis levée seule avec 50 kilos de pierre en moins sur le cœur. Pfff… Libérée. Action, enfin.

Mais toi, de ton côté, du continue à m’enquiquiner la tête sur msn avec tes histoires de pluie et de beau temps, et à couper court à toute réelle communication… Que tu es injoignable pour moi, mais que je devrais être au garde à vous et disponible pour toi… Combien de weekend ai-je attendu un coup de fil qui n’est jamais venu, combien d’amis planté en dernière minute sous un prétexte débile parce que Môsieur était d’humeur ? Il suffit que je sois un peu moins conciliante, douce, patiente, effacée, que je te fasses acidement remarquer que tu fuis pour que d’un seul coup je sois inondée de mails qui n’en sont même pas ? Que se passe t-il d’un seul coup Tayeb, pourquoi paniquer comme ça ? Ton bibelot à des velléités de "Va te faire foutre" ? Et en plus, tu oses me lâcher un "Au fait, c’est quoi l’adresse de ton site"?
Je t’avais fait un cadeau Tayeb, je t’avais offert cette fenêtre sans artifice sur moi-même, tu étais le seul à connaître ma face cachée, celle qui s’était faite la voix de S. désespérément muette sur tout depuis tant d’années. Tu me connais par cœur, tu as tout vu, tout vécu, le pire comme le meilleur… Ce blog n’est pas pour toi, je ne l’ai pas créé pour toi. Mais pour moi. Pour réussir justement à concilier Lisbeï et S. Pour être libre, au moins ici. Et ceux qui le lisent ne peuvent pas me toucher, leur regard m’est indifférent, leurs jugements aussi. Toi, tu peux. Je te donne accès à moi-même comme je ne l’ai jamais fait avec qui que ce soit, accès autant à S. qu’à L., et toi non seulement tu ne le lis pas (ça encore, je peux comprendre), mais en plus tu as la flemme de chercher dans tes mails pour retrouver ce site… A moins que tu n’expédies ces mails dans la boite à ordures… Non Tayeb, c’est terminé. S’il me fallait une preuve de plus, je l’ai.

Je ne sais pas si tu ferras l’effort de venir lire ceci, je m’en fous. Ca ne partira pas par mail en tout cas. C’est à toi de faire, plus à moi. Si tu n’es même pas capable de retourner le net pour le retrouver, Monsieur l’Informaticien, c’est qu’on est bien morts… Bien sûr, je vais regretter ces mots, je vais te regretter dans le froid et le noir de l’hiver… Bien sûr je me sentirais bien seule sans toi. Bien sûr que j’aurais des remords en relisant tous ces mots plus tard. Bien sûr que je suis autant en colère que je t’aime. Tant pis. Mais au moins, je pourrais affronter ton regard sans baisser les yeux. Et le mien aussi. Et non, ça n’a rien à voir avec. Ca à a voir avec moi. Ca mijote depuis des semaines peut-être des mois, ça bouillonne… Et ça explose. C’est trop tard, Tayeb.

Libre, de toi aussi.
posted by Lisbeï @ 11/04/2003 04:13:00 PM ::
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