Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
décembre 08, 2003
Ce n’est jamais la voix, ni le sourire, ni le regard, alors que ce sont souvent ces signes si propres à chacun auxquels je suis le plus sensible. Non, je n’ai jamais re-croisé une voix, un regard ou un sourire qui d’un seul coup remette le film en marche…

C’est la nuance de la robe.
Mes yeux, toujours, accrochent certains détails perdus dans la foule… Un petit monologue en second plan s’amorce alors entre deux pensées sans liens. "Tiens… Non, en fait… " Et c’est là que surgit de nouveau le kaléidoscope chatoyant de ce blond vénitien, cette farandole de lumière en perpétuelle évolution, ces nuances ni tout à fait blondes, ni tout à fait rousses, cette immensité d’alternatives entre les deux… Et je retrouve aussi l’espace d’un instant cette sensation sous mes doigts, la douceur, la souplesse, le lustre du poil si doux et si ferme de ma panthère… Et les images s’enchaînent, peu à peu… Le bleu-marine des yeux, ce bleu-saphir des grandes profondeurs… Les lèvres framboises détonantes au milieu de tout ce blanc fragile… Et puis cette robe tachetée, ces constellations de grains de beauté, comme des poignées de sucre roux disséminé sur une immense plage de sable blanc, ces constellations d’étoiles que je m’amusais à découvrir, à relier, à nommer… La courbe d’une épaule tachetée, la finesse d’une clavicule… L’élégance naturelle des mains aussi, ces mains ni trop grandes ni trop petites, ni trop fines ni trop carrées, ces mains sur l’impossible frontière entre masculinité et douceur… Mon cœur trébuche d’un battement parfois, tellement le détail frise la réalité…

Mais non, ce n’est jamais lui… Heureusement que ce n’est jamais lui…
Je n’aime plus Vincent. Je n’aime plus la personnalité Vincent, l’individu Vincent, l’entité Vincent. Depuis longtemps déjà. Je ne le cherche pas. Je ne le regrette pas. Je reste profondément mal à l’aise à l’idée de le revoir, et depuis le début (donc la fin) j’ai fais en sorte que cette rencontre n’ai pas lieue. Et elle n’aura jamais lieu. Pourtant, toutes ces années après, ces détails-fantômes m’accompagnent toujours, alors que concrètement Vincent est la seule exception à cette éternelle attirance instinctive vers les « bruns teigneux et ténébreux »…
D’aucun me disait récemment que la beauté est dans le regard de celui qui regarde, et que nul ne peut avoir d’opinion sur sa propre beauté. Objectivement, Vincent n’était pas beau. Un peu trop grand, une gestuelle un peu raide, le visage un peu trop plat, le nez un peu trop rond… Non, Vincent n’est pas beau… Il irradiait pourtant la beauté. Tous ces détails qui n’étaient que lui… Ce sont ces détails qui aujourd’hui restent accrochés, encore… Souvent, je volais ces images que je rangeais soigneusement dans un coin de ma mémoire, je volais des instants de cette beauté incandescente… Ma mémoire est longue…
posted by Lisbeï @ 12/08/2003 01:27:00 PM ::
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