Lisbeï

Grand tripotage de nombril et autres divagations

septembre 07, 2003

Bribes

"Je crois comprendre cette impression. Mettre les autres en danger pour ne pas l'être soit-même. Mais l'expérience prouve que les autres en question détestent ça... Ils se tournent alors vers d'autres encore...
Je pointais juste du doigt que nous avons me semble t-il le même genre de travers: une capacité phénoménale à dire "non" les yeux dans les yeux tout en pensant "oui", une grande gueule et un aplomb sans faille pour bien nier le fait qu'on a des coeurs et des envies de bisounours... Le soucis souvent, c'est qu'à force de dire "non" aux autres, ils finissent par le croire...Et par disparaitre... Nous laissant en plan avec nos "non" de cons et des coeurs de bisounours en 1000 morceaux... C'est pourquoi j'ai décidé de virer nonne / ermite / mysanthrope. Bref."

(...)

"Non, c'est très sérieux. Je voulais être dictateur. Je me suis rabattue ensuite sur présidente de la république parce que je me suis dis que la persuasion et l'opium du peuple (le marketing) étaient plus efficaces et moins difficiles à tenir que l'état policier. Pourquoi j'ai une licence d'histoire et un dess de communication politique à ton avis? Le seul hic, c'est qu'à 3 mois de mon diplôme final et après des années de militantisme politique plus qu'actif, j'ai tout stoppé. Bien sûr, j'ai passé les exams, histoire d'avoir ce dernier bout de papier. Mais j'ai arrêté tout le reste, et surtout jamais entamé la suite.
Pourquoi? Parce que d'un seul coup, je n'y croyais plus. Je ne voyais plus que le marketing justement. Et ça me faisait vomir. Et je me faisais vomir. Dictateur via opium du peuple, je n'arrivais plus à me regarder dans la glace. Qu'en fait le bien public, l'action pour la collectivité mennait inexorablement à la manipulation permanente. Et que je n'avais plus la patience et la passion d'aimer les gens en général. Et que d'un seul coup, j'avais besoin de m'écouter un peu moi, de m'aimer moi un peu avant de pouvoir aimer les autres. Et qu'en fait les gens me faisaient peur, qu'ils me faisaient mal. Et qu'en fin de compte, je voulais juste les fuir. Et j'avais passé tellement d'années à m'occuper de tout sauf de moi qu'à 25 ans j'en avais 50 tellement j'étais Sérieuse et Responsable.
Alors je me suis lancée dans la vraie vie avec un diplôme inutilisable et une expérience non-exploitable. Et j'ai fait tous ces métiers différents parce que je suis intelligente et douée, que j'apprends vite, que j'adore apprendre... Mais que moi aussi, je m'ennuie vite... Et que si ça ne bouge pas, si ça ne me fait pas palpiter le palpitant à 500 à l'heure, je traine et je deviens médiocre... Et qu'au jour d'aujourd'hui, je ne sais toujours pas très clairement ce que je vais faire des prochains 6 mois... Comme d'hab quoi... Que j'aimerai tant aussi savoir quoi faire concrètement de mes si jolis neurones... Mais que je ne sais pas ... J'ai un peu appris avec le temps à faire parfois confiance à la vie justement... Parfois, de temps en temps, comme une aumône furtive, elle fait de jolies surprises..."

posted by Lisbeï @ 9/07/2003 01:20:00 PM ::

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