Lisbeï
Grand tripotage de nombril et autres divagations
juin 08, 2007
1200m, and counting


J’avais oublié. Vraiment. J’avais oublié que l’eau, c’était ça. Moi qui ai passé toute mon enfance et une bonne partie de mon adolescence à enchainer les longueurs, les stages de perfectionnement, les compétitions, les entrainements à 8h du mat’ le dimanche, les séances de muscu sur le bord de la piscine, les pullboys et les planches, les pince-nez et le rétropédalage, les maillots une pièce bretelles croisées, le chlore qui les déteint et rougit les yeux, j’avais oublié que nager pouvait être aussi grisant, sensuel et fort.

Parce que dans l’eau, la vie est toute autre. Dans l’eau, tout devient facile et évident. Dans l’eau, je suis agile, forte, dominatrice. C’est moi qui gère, et c’est moi qui gagne. Plus de souffle court, plus de dos qui tire, plus de mollets coupés par l’effort, plus de hanches qui se heurtent aux objets. L’eau me porte et moi je prends bien soin d’elle est la manipulant avec attention, dextérité et détermination. Les fesses font à la fois bouée et safran, les bras sont réguliers et incisifs, la tranche de la main aux doigts bien serrés fend nettement la surface. Pas d’éclaboussures, si ce n’est le bouillonnement du moteur/stabilisateur arrière, du côté des pieds. Net, propre, ciselé. Mon corps m’obéit, et l’eau est mon alliée. Quels que soient les kilos en plus ou en moins, les muscles atrophiés et/ou raidis, je maitrise. Autonome. Je peux tout faire. Je suis libre.

L’eau est sûrement le seul élément (avec peut-être derrière le volant d’une voiture) où le peu d’esprit de compétition qu’il me reste se manifeste encore : je ne suis peut-être pas la meilleure, mais je suis dans le peloton de tête, à même d’écrabouiller des plus grands et des plus costauds que moi. Bien sûr il y a bien mieux, mais pour une fois, je n’ai pas à rougir. Ni de mon poids, ni de mon sale caractère, ni de mes errances, ni de mes failles, ni de mes béances. Peut-être la seule circonstance où je me sens en droit de m’autoriser à exister. Presque à armes égales.

Par contre, je n’avais pas oublié la haute densité de chair humaine qui arpente les lignes d’eau des piscines, le chlore qui transforme ma tonne de cheveux longs en paille, et ce quelles que soient les tonnes de shampoing et autres trucs à appliquer après, le fait qu’il soit impossible de sortir d’une piscine en étant réellement sèche, que les cheveux trempés qui gouttent dans les oreilles et dans le cou est une ancienne torture chinoise, et enfin que le bonnet de bain est un tue-tout de premier ordre (en même temps, ça met tout le monde au même niveau).

Enfin, pour la plus grande joie de ceux et celles qui trippent sur le classique voyeur/voyu, je signale que les douches de la piscine de Châtelet sont intégralement ouvertes sur le bassin. Malheureusement pour les non-pratiquantes comme moi, ça veut dire que la douche intégrale, nada.

posted by Lisbeï @ 6/08/2007 03:11:00 PM ::
1 Comments:
  • At 8:19 PM, Blogger Ju said…

    Ca pour une reprise c'est une reprise! Je suis loin de vivre mes longueurs aussi philosophiquement, cela dit... Peut-être que si on prolonge la séance, j'y trouverai quelque chose au bout de moi-même?

     
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